En France, les visiteurs de prison élargissent leur horizon
Désormais, l’association qui regroupe ces bénévoles intervient aussi en milieu ouvert, dans le cadre d’un sursis probatoire, d’un aménagement de peine ou d’un suivi socio-judiciaire.
Des visiteurs de prison hors les murs, cela peut sembler antinomique. Pourtant, parmi le millier de bénévoles de l’Association nationale des visiteurs de prison (ANVP) agréés par l’administration pénitentiaire pour entrer dans les prisons, certains interviennent désormais auprès de personnes non incarcérées. Ces « visiteurs accompagnants » se proposent de rencontrer pour les suivre des personnes sous main de justice en milieu ouvert, dans le cadre d’un sursis probatoire, d’un aménagement de peine ou d’un suivi sociojudiciaire.
« Le parcours vers la réinsertion ne peut pas se faire seul, sans que la société civile prenne sa part dans l’accompagnement », explique Yves-Marie Brient, le président de l’ANVP, visiteur de prison depuis quinze ans à Clermont-Ferrand et visiteur accompagnant depuis dix-huit mois. « La première rencontre que j’ai faite avec une personne, dans une laverie, elle ne savait pas comment faire », se souvient-il. Il la rencontre toutes les deux ou trois semaines, quand le rendez-vous avec le conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation se fait plutôt toutes les six ou huit semaines. Cette neutralité du citoyen par rapport au professionnel de la justice est un soutien moral apporté à des personnes choisies, le plus souvent en situation d’isolement social, précise Georges Loss, vice-président de l’association.
Rendez-vous en lieu neutre
Concrètement un « contrat tripartite » est signé entre la personne suivie, son conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation et le visiteur accompagnant. Les rendez-vous se tiennent en un lieu neutre (interdiction pour le visiteur de recevoir à son domicile), tandis que l’administration pénitentiaire fournit au visiteur un téléphone portable afin que les appels ne soient pas sur son numéro privé.
Créée en 1932, issue de la Société Saint-Vincent-de-Paul – un réseau de charité de proximité –, l’ANVP a timidement entamé, il y a cinq ans, cette évolution, dans le cadre d’un accord avec la direction de l’administration pénitentiaire, alors que le nombre de personnes exécutant une condamnation en milieu ouvert croît beaucoup plus rapidement que le nombre de détenus. Aujourd’hui, on compte plus de 165 000 personnes sous main de justice en milieu ouvert, plus du double du nombre de personnes incarcérées (70 000). Pour concrétiser ce nouveau champ d’intervention, l’association s’est rebaptisée, fin 2021, « Association nationale des visiteurs de personnes sous main de justice » (en gardant le même sigle, ANVP).
Alors que la moyenne d’âge des visiteurs de prison est de 63 ans, le développement vers le milieu ouvert devrait aussi permettre de toucher des bénévoles non retraités. Les horaires de visite en détention, limités en journée en semaine et exceptionnels le samedi, tiennent les actifs éloignés de cette activité.
Alors que la moyenne d’âge des visiteurs de prison est de 63 ans, le développement vers le milieu ouvert devrait aussi permettre de toucher des bénévoles non retraités. Les horaires de visite en détention, limités en journée en semaine et exceptionnels le samedi, tiennent les actifs éloignés de cette activité.