Dans le sud-est de l’Angleterre, des restaurants initient les détenus au travail de la restauration. Un tremplin pour leur sortie de prison.

Le lancement du projet

Alberto Crisci

Aidé par le gouverneur de la prison du comté de Surrey, Alberto Crisci, chef cuisinier d’origine italienne, ouvre le premier restaurant en 2009.

Il pense que la cuisine peut être une solution pour aider les condamnés sortant de prison à trouver un emploi.

Il l’appelle « The Clink« , un mot d’argot signifiant « prison ».

Les détenus étant à moins de 18 mois de leur sortie peuvent postuler pour apprendre à cuisiner et à servir en salle. Ce qui représente un réel tremplin pour une réinsertion professionnelle.

Un restaurant avec barreaux aux fenêtres

Au menu : filet de turbo grillé et son écrasé de vitelotte ou pâté d’agneau et sa purée de céleri. C’est d’un très bon niveau.

Les prix sont légers mais le cadre strict. Il est impossible de prendre en photo les plats pour les poster sur les réseaux sociaux, les téléphones sont en effet confisqués à l’entrée du restaurant.

Il faut aussi présenter sa carte d’identité à l’arrivée et accepter de déguster son plat dans une salle où les fenêtres ont des barreaux. Aucune boisson alcoolisée n’est servie à table, conformément au règlement de la prison.

Les fruits et légumes du potager de la prison

En 2012, Alberto décide de créer « The Clink Garden« , un jardin potager avec des serres dans la prison pour apprendre l’horticulture et le maraîchage aux détenus. Plus de ¾ des légumes et des herbes aromatiques servis au restaurant sont ainsi cultivés sur place.

The Clink devient une chaîne de restauration

Le deuxième The Clink a été monté par une association à Cardiff au Pays de Galles. Mais celui-ci, il est hors les murs. Ce qui suppose un renforcement des mesures de sécurité.

30 détenus de la prison de Cardiff sortent régulièrement de leur pénitencier pour cuisiner, servir ou encore cultiver les légumes.

Succès à Londres

Au fil des années, d’autres restaurants se sont montés toujours avec le même succès. Celui de Londres arrive ainsi en 7ème position sur plus de 19 000 restaurants que compte la plateforme Tripadvisor.

 

Premier bilan : la récidive en diminution

The Clink gère 4 restaurants centres de formation, 2 potagers avec six serres et un poulailler, et un pôle de catering.

Chaque prisonnier travaille 40 heures/semaine.

1800 détenus ont été formés à la fin novembre 2018 et 800 d’entre eux ont obtenu un diplôme.

45.2% des adultes n’ont pas récidivé un an après leur libération, soit une baisse de 49 %. Ce taux de non-récidive monte à 57,5% pour ceux qui avaient été condamnés à une peine inférieure à un an.

La chaîne a été distinguée par 63 Prix d’excellence (Award).

Les projets de développement

Avec le soutien de The Bromley Trust (1), l’ouverture d’un nouveau restaurant après ceux de Brixton, Cardiff, High Down et Styal, permettra à l’association de former 160 prisonniers chaque jour alors qu’elle en a formé au total 188 en 2015 !

20 restaurants sont prévus d’ici à 2020, ce qui correspondrait à 1 000 détenus formés par an.
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(1) Fondation pour la défense des droits de l’homme, la réforme de la prison en Angleterre et la défense de l’environnement

Sources : France Inter, The Clink, The Bromley Trust