Tu annonceras ma parole. Notre Fraternité dans les pas du Père Aubry
Week-end du Bon Larron – 16/17 octobre 2021

Témoignage de Michel Charron qui  a travaillé avec le Père Yves Aubry.

Lorsque je témoigne j’ai un contrat avec la Vierge. Je veux donc vous dire que Jésus est venu à nous par Marie, si nous voulons bien aller à Jésus, allons-y par Marie. Merci.

Je commence à entrer dans la drogue à l’âge de 13 ans. Je me retrouve en prison à l’âge de 18 ans, en Italie, à Milan. Toutes les drogues circulent énormément dans la prison. Personnellement, je ne connais rien de Jésus, ni de la messe.

Un matin du 25 décembre 1971 on nous propose la messe de Noël. Le prêtre consacre le pain : je suis devenu catholique, apostolique et romain.

Je suis sorti de prison au bout de 2 ans, mais entre dix-huit et vingt ans, ce sont les meilleurs printemps de ma vie, je les ai faits en prison. Je suis devenu « pénitent » avec le crâne rasé.

En 1974 j’ai trouvé du travail, et après mon travail j’allais dans une association qui s’occupait des gens de la rue en leur apportant des repas chauds. La misère devait tomber. Les curés de la paroisse m’ont donné un camping-gaz pour garder la nourriture au chaud. J’ai appris à connaitre les rues de Paris.

Ensuite j’ai trouvé à me marier en 1981.

Un jour j’ai entendu un curé qui parlait des prisons à Radio à Notre Dame. C’était le Père Yves Aubry. Je lui ai téléphoné et lui ai dit que je m’étais converti en prison. Il a souhaité me rencontrer. En 1984, peut-être, le Père Yves Aubry m’a promené un peu partout en France. A Angers, à Lille, à Versailles.

Quand on partait en voiture c’est Suzanne qui conduisait évidemment. La conduite se faisait en silence. Le Père aimait beaucoup le silence ; et cependant il aimait aussi les paroles. Lors de mes témoignages, il me disait tout ce que j’avais oublié. Ensuite j’ai travaillé avec la famille Jacques et Geneviève Perrier, sur la péniche Tibériade. J’y ai travaillé 2 ans.

Et un jour j’ai failli mourir : c’était une personne en liberté provisoire, Jean-Jacques. Il ne devait pas avoir d’argent, parce qu’il se droguait et se soulait. On m’avait nommé son ange gardien, c’était la première fois que je remplissais ce rôle. Un jour il se procure de l’argent et arrive soul sur la péniche. Le responsable lui interdit l’accès, va déjà te dé-souler et après on verra. Il monte dans une barque et cherche à monter par l’arrière dans la péniche. Il tombe à l’eau, et reste bloqué sous la péniche. J’ai retiré mes vêtements et j’ai sauté dans l’eau à 6 degrés. Pour moi l’eau était trop froide, il a fallu qu’on me sorte de l’eau. Ensuite Jean-Jacques a fait une hémiplégie, c’est moi qui l’ai accompagné.

Je voudrais dire aux prêtres qui sont là de faire très attention au moment de la messe. La première fois que j’ai assisté à la messe et que j’ai vu une hostie consacrée, cela a bouleversé ma vie. Depuis j’ai travaillé comme éducateur chez les jeunes Apprentis d’Auteuil, j’ai travaillé en soins palliatifs, au bloc opératoire. J’ai deux garçons et huit petits-enfants… voilà tout ce que l’on peut faire avec une hostie. Merci

Aude fait comme le Père Yves Aubry, elle me dit ce que j’ai oublié. Le jour de l’enterrement du Père Yves Aubry on décide de se mettre à quatre anciens détenus pour porter le corps. Je l’avais sur mon épaule et on avançait dans la cathédrale, mais je pense soudain aux escaliers. J’étais à l’avant et j’allais avoir tout le poids. Ce n’était plus possible : tout va se « casser la gueule ». Et bien je vous donne ma parole : je n’ai rien porté pendant la descente des escaliers. Le Père portait lui-même son cercueil.

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