Lors de son discours d’ouverture de la rencontre 2018 de la Fraternité du Bon larron, Michel Foucault a voulu commencer par exprimer de nombreux et chaleureux remerciements.
Chers amis
Demain, je ne présiderai plus la Fraternité du Bon larron, et je vais donc commencer ces paroles de bienvenue par des remerciements.
En tout premier, je veux te remercier, Seigneur Jésus, de m’avoir proposé de faire ce chemin avec la Fraternité, et de m’avoir incité à m’y impliquer.
Ce n’est que grâces depuis le début !
Merci, père Yves Aubry, d’avoir été à l’écoute de cette parole intérieure : « Annonce à temps et à contre-temps la bonne nouvelle de mon amour pour tous les prisonniers ! ».
Avec les membres du conseil d’administration, je vous remercie, vous tous ici présents, d’avoir répondu à notre invitation, pour échanger sur le thème de « la réinsertion dès la prison », un thème qui n’est pas aussi consensuel qu’il y parait.
J’y reviendrai.
Je remercie tous ceux qui, pour des raisons diverses, ne sont pas là, tout en étant de cœur avec nous.
Merci, Jeanne, de m’avoir entraîné à ce pèlerinage à Montligeon, où j’ai entendu les témoignages de conversion de Claude et de Daniel ; où j’ai découvert une atmosphère vivante et familiale entre les membres de la Fraternité, et leur relation étroite avec Notre-Dame.
Merci, en particulier, Claude, véritable miraculé de la défonce alcoolique, pour cette confidence passionnée qui résonne encore à mes oreilles « Tu sais, Michel, Jésus, c’est mon copain ». Tu as rejoint ton copain l’an dernier, la veille de la fête de l’Assomption de notre maman du ciel. Merci pour tes nombreux témoignages, qui ne cherchaient pas à convertir mais, tout simplement, à exprimer une sérénité qui résonnait, et qui résonne toujours comme une parole d’espérance.
Merci François de m’avoir invité à être membre du conseil d’administration. Tu étais alors soucieux de trouver quelqu’un pour te succéder l’année suivante, puisque tu allais achever tes neuf années de mandat. Tu as d’ailleurs été très clair, en me demandant d’accepter d’être immédiatement vice-président avec vocation à te remplacer. J’ai eu beau faire allusion à mon âge, tu as insisté et j’ai finalement accepté.
Je n’ai qu’un regret : Jeanne était alors secrétaire de l’association. Devenu président, je me suis rendu compte, qu’il n’était pas bon, pour la Fraternité, que mari et femme soit membres du bureau. Les suspicions de malversations et les rumeurs infondées seraient alors presque inévitables. Jeanne s’est ainsi sentie rejetée. J’espère qu’elle finira par me pardonner.
Merci à tous les anciens détenus que j’ai rencontrés. Evidemment à ceux, comme Daniel, David, Gérard, Ludo, qui témoignent de leur découverte de l’Amour avec une simplicité désarmante.
Avec eux, un peu comme la cellule monastique, la case prison semble avoir un pouvoir décapant ultra-puissant qui peut alimenter la haine, mais aussi ouvrir à l’intelligence du cœur, libérer l’écoute des interlocuteurs par la simplicité de la parole
. Je me souviens ainsi de celle adressée par Gérard à Fabien qui arrivait à Auffargis. Au lieu d’un banal « Bonjour, moi c’est Gérard, comment ça va ? », sa question a été « T’es baptisé ? » qui appelait une réponse « oui » ou non », sans plus…
Merci à toute l’équipe de bénévoles, Béatrice, Carine, Catherine, Claude, Jacqueline, Odile, qui, en venant à tour de rôle pour réexpédier les lettres de détenus vers leurs correspondants, assure une présence quotidienne dans la maison d’Auffargis
Merci Marie-Agnès pour la maintenance de l’informatique, devenue indispensable pour une gestion efficace de la correspondance. Merci également pour ta rigueur prudente de comptable qui, avec l’aide de Anke et de Michèle, fait que les responsables du service d’insertion et de probation des Yvelines ont apprécié le professionnalisme de notre fonctionnement.
Du fait que je n’habite pas très loin d’Auffargis, François m’avait demandé d’être le responsable de la maison à l’image d’un père de famille.
Ayant fait le constat que 85% des membres résident hors des Yvelines et l’expérience m’a montré qu’il est préférable pour l’association de distinguer les missions de président et de responsable de la maison.
Je rends grâce à l’Esprit Saint d’avoir interpellé Eugène par le canal d’Odile. Merci Eugène d’avoir accepté cette mission difficile d’accompagnement de résidents, souvent malades, et dont le parcours de vie est toujours chaotique.
Si je devais caractériser la Fraternité, par rapport à d’autres associations d’aide aux détenus, aux sortants de prison, à leurs proches et aux victimes, je dirai que nous lions le soutien moral et spirituel dans le respect des personnes avec un soutien matériel.
Je pense que la prière est notre principale ressource, notre carburant, notre propre soutien personnel. D’où son importance cruciale.
Le souhait du père Yves Aubry était qu’il y ait autant de groupes de prière qui prient aux intentions du monde carcéral que de prisons. Nous n’y sommes pas encore et il faut persévérer dans cette voie.
Merci aux communautés religieuses qui partagent chaque mois les intentions de prière qui leur sont proposées, ceci dans le respect de leur spiritualité et leurs expressions propres, que ce soit de louanges ou de demandes.
Merci à tous les membres qui s’engagent à prier régulièrement, pour les détenus et pour les détenus défunts. J’invite tous les membres à prendre cet engagement et à le renouveler chaque année. Comme toutes les promesses, cet engagement est en même temps une aide à persévérer pour la personne qui le prend.
Merci en particulier à Frédéric, José Santos et Nadia, membres souffrants qui ont pris un engagement de prière quotidienne.
Merci à tous les membres qui se retrouvent en groupes pour prier, à des rythmes variés — comme vous pourrez le voir sur la liste affichée sur l’un des panneaux dans cette salle, mais aussi que vous pouvez consulter sur le site bonlarron.org.
Beaucoup de membres se sentent isolés. Une suggestion : allez voir la communauté religieuse la plus proche de votre domicile ou, à l’occasion, de votre lieu de vacances. Ses membres seront heureux de votre visite.
Merci aux responsables des groupes de prière qui sont en lien avec l’équipe d’aumônerie, ou de l’association d’accueil des familles pour le parloir de la prison locale. Par ces contacts amicaux, vous rendez plus vivante la prière de votre groupe et vous favorisez ainsi l’unité dans l’Eglise.
Merci à tous les membres, notamment à toutes les religieuses, qui correspondent avec des personnes en détention. Certains me demandent des conseils, en particulier lors d’une rupture du rythme des échanges de courrier. Si celui-ci est très important pour la personne emprisonnée, ces demandes inquiètes illustrent la force du lien amical, du lien d’amour fraternel qui s’est noué.
Merci aux pères Patrick et Dominique qui, successivement, ont accepté d’être les conseillers spirituels de la Fraternité, et Hervé, en charge de la pastorale des prisons dans le diocèse de Versailles. Ils nous assurent de rester en pleine communion avec l’Eglise. Merci également à Alain, diacre, d’animer avec Dominique des temps de partage d’Evangile dont peuvent également profiter les résidents à Auffargis.
Je voudrais remercier aussi toutes ces personnes que je n’ai jamais vues, et qui échangent régulièrement avec moi par mail, en particulier celles qui résident à l’étranger. Je pense notamment à Hervé, visiteur de prison en Belgique, au père Jean-Laurent, aumônier de la prison malgache de Mahajanga, à Rosa, carmélite visiteuse des prisonniers hispanophones en Israël.