Depuis 2002, au Bateau bleu, des bénévoles accueillent les proches des détenus du centre pénitentiaire de Ploemeur (Finistère). Un sas entre extérieur et milieu carcéral qui a reçu 11 164 visiteurs en 2018.
Trois jours par semaine, les bénévoles de l’association du Bateau bleu (*) sont à pied d’œuvre. Dans leur local à proximité du centre pénitentiaire de Ploemeur, ils accueillent familles et amis venus au parloir visiter des détenus. Leur rôle consiste à maintenir les liens en offrant un lieu d’accueil, une présence discrète et une écoute quand elle est souhaitée.
L’association Le Bateau Bleu tire son nom de l’embarcation présente devant le centre pénitentiaire de Plœmeur. Elle compte 53 bénévoles qui se relaient pour accueillir les familles, les amis qui ont un proche derrière les barreaux. 11 164 visiteurs en 2018, dont 1 700 enfants.
Tous les mardis, mercredis et samedis, en binôme, 8 des 53 bénévoles se relaient toutes les deux heures pour écouter « celles et ceux qui ont envie ou ressentent le besoin parler », offrir gâteaux et boissons chaudes à tous… Avant ou après l’un des cinq parloirs de la journée, femmes (en grande majorité), hommes et enfants trouvent au Bateau bleu un refuge. « Ils peuvent déposer leurs affaires dans des casiers, profiter de toilettes, lire, jouer… », détaille Philippe Le Coroller. « Certaines familles viennent de très loin, d’autres n’ont pas de véhicules dans lequel attendre… ».
Jusqu’à 40 personnes peuvent se croiser dans ce local de 40 m2 entre deux parloirs. En 2018, l’association a accueilli 11 164 visiteurs. « C’est 367 de plus qu’en 2017 », souligne le président qui lance un appel à de nouveaux bénévoles. « Cinq parloirs, trois fois par semaine, à deux, c’est trente bénévoles mobilisés… En cas de maladie ou d’imprévu, c’est vite juste ».
En binôme et formés
Le binôme, c’est fondamental dans l’association. « C’est plus rassurant pour les bénévoles et ça facilite la gestion des problèmes quand il y en a », explique le président Philippe Le Coroller. Autre incontournable : la formation de ces bénévoles. L’essentiel du budget de l’association (entre 2 500 et 3 000 € par an) y est consacré. « On croit savoir mais on peut commettre des erreurs. Cela nous donne un regard plus aiguisé sur les conséquences de l’incarcération pour l’entourage, sur les enfants et les conjointes. »
En 2019, en plus des formations régionales et nationales habituelles, « nous allons organiser une journée de rencontre entre les bénévoles, la directrice de la prison, un représentant du service pénitentiaire d’insertion et de probation et un des médecins du centre pénitentiaire », indique le président. De quoi nourrir un peu plus encore l’écoute, toujours discrète et respectueuse, de ces bénévoles auprès des proches des détenus.
Si les bénévoles donnent beaucoup, ils ont le sentiment de recevoir également énormément. Les familles leur sont très reconnaissantes. L’association est toujours à la recherche de bénévoles.
Un lieu d’accueil
Un lieu d’accueil a été aménagé autour d’un café et quelques friandises. « Nous mettons aussi à disposition des jouets, des livres et une table pour dessiner »
Les visiteurs peuvent transiter dans ce lieu avant et après le parloir, y déposer leurs affaires personnelles et réserver, à partir d’une borne, mise à disposition les prochains parloirs.
Vers une professionnalisation de l’accueil ?
En 2017, sur les 182 établissements pénitentiaires que compte le territoire français, 154 disposent d’un accueil associatif, soit plus de 80 % d’entre eux. Comme le rappelle Jennifer Yeghicheyan dans son étude sur la place des familles, on assiste depuis 2010 à une professionnalisation de l’accueil dans les prisons à gestion déléguée aux côtés des bénévoles. Les visiteurs tendent à être considérés comme de simples usagers, dont la seule possibilité de faire entendre leur voix passe par le remplissage de questionnaires de satisfaction.
——————
(*) AFAD-CPP (accueil des familles de détenus au centre pénitentiaire de Ploemeur), tél. 02 97 05 15 96 ou 06 21 98 37 96.
Sources : Le Télégramme, Ouest France