L’association L’Ilot dispose de Centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) à Paris, dans le Val-de-Marne et à Amiens.
Le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale Chemin Vert, en plein cœur de Paris, héberge et accompagne une soixantaine d’hommes sortant de prison ou en aménagement de peine.
L’Îlot Val-de-Marne est constitué de deux maisons d’accueil situées à Vincennes et Villiers-sur-Marne qui accueillent des femmes seules et des couples sans enfants. Plus de 10% des résidents sont des personnes qui ont effectué ou effectuent une peine de prison.
A Amiens, le centre des Augustins, implanté en centre-ville propose un hébergement temporaire et accompagne 56 hommes seuls, en situation de rupture sociale, familiale et/ou professionnelle. Il donne priorité aux personnes sortant de prison ou sous main de justice. Son service Lits Halte Soins Santé permet également d’accueillir des bénéficiaires qui ont besoin d’un suivi médical et sans domicile fixe.
Le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale Thuillier à Amiens, offre un hébergement d’urgence aux personnes seules, prioritairement des femmes dont certaines ont connu la prison, ainsi qu’aux familles en difficulté.
Des résidents au CHRS d’Amiens témoignent
Après une longue peine de prison, le retour à la vie ordinaire est un parcours du combattant qui nécessite parfois de réapprendre des gestes totalement anodins. « Quand je suis entré au McDo, j’ai vu de grands panneaux avec le menu affiché, j’ai cherché longtemps le bouton pour parler, comme au Drive… Je ne savais pas ce qu’était un écran tactile », explique Renaud (les prénoms ont été modifiés), 39 ans, dont sept années passées en prison.
Teddy, 23 ans, sorti de quatre ans et quelques mois derrière les barreaux de la prison de Liancourt (Oise), raconte sa surprise d’avoir une poignée à la porte de sa chambre. « Les premiers jours, le matin, j’attendais derrière la porte que quelqu’un vienne ouvrir, et le soir, je la fixais par réflexe, comme s’il y avait un œilleton pour la ronde du surveillant… »
Lorsque le journaliste du Monde les a rencontrés, avant le confinement dans lequel le pays a été plongé le 16 mars, tous deux étaient logés à Amiens (Somme), à deux pas de la cathédrale, dans le centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de l’association l’Ilot. Ils portaient un bracelet électronique dans le cadre d’un aménagement de peine, avec des horaires de sorties limitées par le juge de l’application des peines à sept heures par jour pour l’un et six heures pour l’autre, et seulement quatre heures les week-ends.
Teddy est fier de lister ce qu’il avait fait au cours de ses dix premiers jours : sa carte Vitale, son CV, un rendez-vous à Pôle emploi, un autre à l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), pour son obligation de soins. « Sans l’aide de ma référente de l’Ilot, je ne sais pas si je serais allé aussi vite », disait-il.
Les démarches administratives représentent souvent un obstacle insurmontable pour des publics sans formation, parfois illettrés. Ici, l’accompagnement est global, même si Charles Barbezat, directeur de l’établissement, rappelle que les 56 « résidents » qu’il héberge sont des adultes dont il n’est pas responsable. Juridiquement, s’entend.
La référente de Teddy, Dolorès Vernède, éducatrice spécialisée, était allée le voir en détention pour lui expliquer le fonctionnement de l’Ilot. Puis le juge lui a accordé une permission de sortir afin de visiter le CHRS, avant de s’assurer de son accord pour une telle prise en charge. Neuf jours plus tard, il y déposait son paquetage. « Avec une sortie sèche de prison, je serais retombé dans l’alcool », disait-il, reconnaissant, lors de notre passage. « Ici, ils vous observent sans vous le dire », racontait-il, engoncé dans son gros pull gris, la fermeture Eclair remontée jusqu’au menton.