Prison au Cambodge-Formation à la mécanique

Sipar et des ONG cambodgiennes, avec l’appui financier de l’AFD-Agence Française de Développement, mettent en place depuis 2012 des centres éducatifs avec des services éducatifs et des formations professionnelles dans les 26 prisons du Cambodge.

En s’appuyant sur l’expérience acquise, l’objectif est de contribuer à l’éducation et à la formation des détenus, plus particulièrement des jeunes de 14 à 25 ans qui constituent près de 60% de la population carcérale, en préparant leur réinsertion socioprofessionnelle et ainsi réduire la récidive.

Le projet comprend trois volets principaux

  • Renforcer les bibliothèques des 26 prisons du Cambodge en équipements, livres et outils numériques.
  • Mettre en œuvre des programmes d’éducation, de réinsertion et de formation professionnelle des détenus avec des organisations de la société civile et les Institutions éducatives et de formation.
  • Renforcer les capacités de l’administration pénitentiaire à gérer et développer les services des bibliothèques.

Quelques chiffres

  • 26 espaces de lecture en service
  • 28 000 détenus bénéficiaires de ces services
  • 8000 lecteurs par mois
  • Classes d’alphabétisation dans 10 prisons auprès de 500 détenus (avec le Ministère de l’Education)
  • Programmes de réinsertion socio professionnelle dans 3 prisons pour 400 jeunes détenus (avec nos deux partenaires locaux Mith Samlanh et Mlop Tapang)
  • Sessions de formation professionnelle dans 4 prisons en direction de 280 détenus (avec le Ministère du Travail et de la Formation Professionnelle);
  • Poursuite de la formation des cadres et du personnel des prisons

Témoignages

Prison au Cambodge- classe d’alphabetisation

Sovannary 15 ans, détenue prison de Kampot, élève en classe d’alphabétisation

Je m’appelle Sovannary et j’ai 15 ans. Je suis détenue dans la prison de Kampot depuis 9 mois et il ne me reste plus que 3 mois avant de sortir. A l’extérieur, je vis avec ma maman et mes 6 frères et sœurs. Mon papa a quitté la maison depuis bien longtemps. Je suis allée à l’école primaire jusqu’au niveau 6, mais j’étais souvent absente et je ne sais pas bien lire. Je n’ai pas de vrai métier, je fais juste du ménage chez quelqu’un pour soutenir ma famille. Ce n’est pas bien payé et c’est très fatigant. Je suis très heureuse de retourner en classe ici, de me remettre à apprendre, ça me rappelle les bons souvenirs de mon enfance et cela me donne le courage de continuer des études quand je sortirai si je peux. Et puis, pendant les 2 heures de cours tous les jours, j’oublie que je suis une prisonnière, je me sens comme une fille normale.

Sophat a 16 ans,

Il est depuis 2 ans en prison et il lui reste encore 2 ans ½ de détention. Il a étudié jusqu’en niveau 5. Il vient en classe depuis mars, a beaucoup progressé. Il n’est jamais absent. Quand il sortira, il veut travailler dans le domaine de l’informatique. Il apprend l’anglais dans la prison également. Il va à la bibliothèque et emprunte des romans faciles à lire car il ne sait pas encore lire couramment.

Madame Sophan, professeur d’alphabétisation dans la prison de Sihanoukville

Je m’appelle Sophan, j’ai 48 ans. Je suis détenue dans la prison de Sihanoukville depuis 8 mois et il me reste encore 16 mois de détention. A l’extérieur, je travaillais à l’administration du port mais j’ai commencé ma vie professionnelle comme institutrice. J’ai enseigné plusieurs années en niveau 6. Alors, lorsque qu’on m’a proposé de seconder le responsable pour enseigner la lecture, l’écriture et les mathématiques aux détenus, ma vie en détention a complètement changé. Quelle fierté de pouvoir exercer de nouveau ce métier d’enseignant ! Tous les jours de 8h à 10h je fais classe avec un autre détenu, lui aussi enseignant. Nous avons 26 élèves. Chaque après-midi, je viens à la bibliothèque pour préparer la leçon du lendemain. Cette classe est vraiment très importante pour les détenus, ils seront mieux armés pour reconstruire leur vie ; pour moi, cela m’aide à tenir le coup en me sentant utile et reconnue. Tout le monde ici m’appelle Neak Krou (Professeur).

Sipar, une ONG française tournée vers les déshérités de Cambodge

Sipar a été créée en 1982 pour l’accueil des réfugiés cambodgiens en France. Ses premières actions sur le terrain furent l’enseignement du français dans les camps de réfugiés en Thaïlande et la formation dans les sites à la frontière khméro-thaïlandaise.

Centrée sur le développement de la lecture et la lutte contre l’illettrisme, l’association opère depuis 25 ans dans toutes les régions du Cambodge avec un seul objectif : faire du livre un levier d’éducation, le porter et le rendre accessible aux populations les plus démunies. Elle y a équipé 310 écoles, créé 9 bibliothèques mobiles et formé 2600 bibliothécaires

Source : SIPAR