Alors que les affaires de corruption et d’escroquerie font régulièrement la une des journaux en Espagne, le pays souhaite donner une seconde chance aux fautifs. Depuis mars, neuf prisons espagnoles expérimentent des cures de “désintoxication” auprès des prisonniers corrompus.

Existe-t-il, au plus profond de l’âme d’un escroc, un homme honnête ? Telle est la question posée par un programme novateur lancé en Espagne, visant à « réinsérer dans la société les fonctionnaires qui ne peuvent s’empêcher de voler », rapporte, un brin ironique, le correspondant à Madrid du New York Times.

Depuis mars, neuf prisons espagnoles appliquent ce dispositif, “qui s’étend désormais à quelque 2.044 escrocs en col blanc détenus dans les prisons espagnoles”.

Le programme de thérapie

Au cours d’un reportage dans la prison de Cordoue, en Andalousie, dans le sud de l’Espagne, le journaliste Nicholas Casey détaille le procédé : Au cours de 32 séances […], [le détenu] sera encadré par une équipe de psychiatres. Il prendra place avec d’autres fonctionnaires condamnés pour des séances de thérapie de groupe aux intitulés tels que ‘compétences personnelles’ et ‘valeurs’.”

Parmi les promoteurs de ce dispositif, le psychiatre Sergio Ruiz, rattaché à la prison de Séville, également en Andalousie. Il explique au quotidien américain que le détenu, en plus de reconnaître ses défauts dans le cadre des thérapies de groupe, participe aussi à des séances de “justice réparatrice” au cours desquelles il présente ses excuses aux victimes.

Les prisonniers volontaires ne bénéficient pas de réduction de peine, mais les responsables du programme affirment qu’une participation à un tel projet est bien accueillie au moment d’étudier une demande de libération conditionnelle. Le programme s’adresse uniquement à des personnes condamnées pour corruption ou escroquerie commise sans violence.

D’après le correspondant du New York Times : « Le fait qu’un tel programme existe en Espagne en dit long sur la façon dont le pays accorde des secondes chances, ainsi que sur la manière dont la corruption a secoué l’opinion publique. Si vous ouvrez un journal ou allumez la radio, vous entendrez toujours parler de complots, scandales et escroqueries qui, bien souvent, concernent les deniers publics. »

Pourtant, « le taux de corruption en Espagne n’est pas pire que dans les autres nations européennes », indique le journal. Le pays se place juste derrière la France, et devant l’Italie, dans le classement 2020 de l’indice de perception de la corruption de l’ONG Transparency International.

Source : Courrier international