L’Association nationale des visiteurs de prison compte douze bénévoles pour les deux prisons de l’Oise, un nombre insuffisant pour aider les détenus en fin de peine à se réinsérer dans la société.
Tous les vendredis, entre 14 et 18 heures, Francis Naquet est en prison. Ce retraité visite depuis quatre ans les détenus de Liancourt qui en font la demande. Il préside la section de l’Oise de l’Association nationale des visiteurs de prison (ANVP), qui manque de bénévoles. Les centres d’incarcération du département, Beauvais et Liancourt, comptent douze visiteurs bénévoles pour soixante détenus en fin de peine et désireux retrouver du lien social.
Francis Naquet rend visite à quatre d’entre eux, âgés de 45 à 64 ans. « Les détenus qui veulent des visites sont souvent en fin de peine. Ce sont des gens qui cherchent à se reconstruire. Le juge d’application des peines (JAP) les autorise à sortir pour trouver travail et logement », explique-t-il.
Dans les murs et hors les murs
En cas de permission, la rencontre se déroule alors à l’extérieur du parloir, car Francis Naguet joue aussi les chauffeurs. Il emmène le détenu effectuer des démarches administratives ou visiter un parent. « Je conduis parfois l’un d’entre eux visiter sa maman infirme à Pont-Sainte-Maxence », explique-t-il.
Comme Francis, beaucoup de visiteurs de prison sont des seniors, plus à même de se rendre disponible une demi-journée par semaine. À Beauvais, plusieurs des huit visiteurs en poste vont bientôt mettre fin à leur activité en raison de leur âge, mais leur remplacement n’est pas assuré. Difficile de convaincre un jeune retraité que la visite de détenus sera un passe-temps idéal pour ses vieux jours. Pourtant, pour Laurence Fayet, déléguée générale de l’ANVP, l’échange social est primordial pour faciliter la réinsertion. « Toute personne est susceptible d’évoluer et l’être humain se construit par l’échange », argue-t-elle.
En quatre ans de bénévolat, Francis Naquet confie ne s’être jamais senti en insécurité auprès des détenus qu’il accompagne, malgré les longues peines auxquelles ils ont parfois été condamnés. « La permission est donnée par le JAP qui demande l’avis d’un psychologue et du SPIP », assure-t-il.
Rompre le lien à la sortie de prison
Pas question toutefois de créer un lien au-delà de la sortie de prison. « Je ne veux pas, et le SPIP nous le déconseille formellement. Les détenus qui sortent de prison sont dans une situation souvent difficile, nous sommes là pour aider à leur réinsertion en amont, mais une fois qu’ils sont sortis ce n’est plus notre rôle, prévient Francis Naquet. On est là pour se rencontrer, bavarder, mais pas pour créer une dépendance. »
C’est à l’âge de la retraite que l’Isarien s’est tourné vers la visite de détenus, qu’ils soient prévenus ou condamnés. « J’ai voulu occuper mon temps à travers le social. C’est assez naturellement que je me suis dirigé vers cette activité. C’est un apport très riche », commente Francis Naquet, qui s’est octroyé quelques semaines de vacances dans le Sud-Ouest en ce mois d’avril. « Je vais leur envoyer une petite carte du Sud-Ouest », prévoit-il, jamais très éloigné de ses quatre détenus.
Devenir visiteur de prison
Pour rencontrer des détenus, mieux vaut avoir un peu de temps devant soi en semaine. Il convient de libérer au minimum une demi-journée hebdomadaire. Par ailleurs, la candidature est rigoureusement étudiée. « Ce type de bénévolat nécessite une vraie capacité d’écoute et beaucoup d’ouverture d’esprit », confie Laurence Fayet, déléguée générale de l’Association nationale des visiteurs de prison. Un casier judiciaire vierge est également requis et le candidat fait l’objet d’une enquête de moralité.
Source : Courrier picard le 16-4-2019