Une aide à la réinsertion : le réseau Onésime,
Les membres d’une équipe locale témoigne de son activité en 2017
par le P. Hervé Duroselle, délégué diocésain à la Pastorale des prisons,
lors de notre week end national en mars 2014
Quelques convictions :
Pour le Christ, donc pour l’Eglise, aucune personne au monde ne peut être définitivement enfermée, réduite aux actes mauvais qu’elle a commis. C’est ma 1ère conviction. Au nom du Christ, nous croyons qu’une personne peut regretter, se repentir des actes commis, même très graves, c’est ma deuxième conviction. Enfin, nous croyons qu’elle peut en demander pardon et quelquefois réparer, au moins pour une part ; nous croyons qu’une personne peut se convertir, reconnaître sa faute, et décider de changer de vie. Il faut le lui dire avec les mots, les gestes, les façons de prendre soin d’elle, pour qu’elle puisse l’entendre et le comprendre. Il faut l’accompagner.
Dans la mission qui m’a été confiée, je dois aussi éveiller les chrétiens. Que leur regard sur les personnes détenues soit celui du Christ, un regard d’amour. Il y a un véritable travail à faire. Dernièrement, en rencontrant des terminales d’une école catholique, j’étais devant un groupe de jeunes dont la majorité n’avait comme mot que « C’est bien fait pour eux ». C’est peut-être vrai, quelquefois, mais si ce n’est que ça… on est fichu ! Je crois que là, il y a un véritable travail d’éveil, de partage à faire.
Pour votre part, vous participez à cette mission d’Eglise comme membres du Bon Larron. Vous y participez selon vos charismes propres : premièrement, et c’est tellement important, par la prière, avec tous ces groupes de prière que vous continuer de développer, de constituer ; deuxièmement, par la correspondance ; troisièmement, dans l’accueil et l’accompagnement de quelques personnes qui sont sorties de prison, en particulier celles que vous accueillez et accompagnez à Auffargis.
Le père Eric Aumonier m’a demandé de reprendre cette mission de délégué à la pastorale des prisons. Devant le vrai problème qu’est celui de l’accueil, de l’aide à la réinsertion des sortants de prison, il m’a demandé d’investir le diocèse dans ce travail de réinsertion, d’où le lancement du réseau ONESIME. Je rappelle qu’il est question d’Onésime dans la lettre de Paul à Philémon. Onésime était un esclave que Paul a connu en prison, et qui est devenu chrétien. Paul écrit à son ami Philémon, qui était le maître d’Onésime, en lui disant d’accueillir Onésime non plus comme un esclave mais comme un frère.
Des choses existent au travers de toute la France. Le SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation), par exemple, a de bonnes idées mais peu de moyens. L’aide porte surtout sur le travail et le logement. Quand il y a de la place, des associations accueillent pour quelques temps ces hommes et ces femmes, mais il n’y a pas d’insertion dans une large communauté chaleureuse et fraternelle les aidant à rencontrer des frères et sœurs, leur permettant de reprendre pied dans la société qui a évolué sans eux. Il y a une grande solitude.
Ainsi, le réseau Onésime se veut un soutien fraternel à des personnes sortant de prison. Cet accueil sera en lien avec les diverses associations, structures et services sociaux, sans se substituer à eux (Secours Catholique, CCAS, Pôle Emploi, associations…) pour retisser le lien social et familial, aider à la recherche d’emploi, de logement, de soins médicaux…
Les personnes pouvant en bénéficier seront proposées par les équipes de l’aumônerie catholique ou du Secours Catholique qui les connaissent dans la prison.
Le fonctionnement d’Onésime est celui-ci : une équipe de 4 ou 5 personnes de la communauté paroissiale est appelée par le curé ou le responsable pastoral après discernement et entretiens et en lien avec la communauté qui accueille. Points importants : être en lien avec les équipes du Secours Catholique, réseaux de proximité ou associations locales ; ne pas se substituer aux services sociaux compétents ; s’engager à une relecture régulière en équipe et avec le responsable pastoral qui les a appelés. Cette équipe sera en lien avec un membre référent de l’équipe diocésaine pour toutes questions qui se poseraient.
Pour préparer, l’aumônier de la prison ou le Secours Catholique proposent le projet à des personnes détenues qu’ils connaissent et qui souhaitent être accueillies, après avis des services sociaux de la prison. Si la sortie est prévue un peu à l’avance, la personne détenue sera mise en lien avec l’équipe accompagnatrice par une relation épistolaire ou une visite (dans le cadre des Yvelines, l’accord a été donné par la direction de la Maison d’arrêt de Bois d’Arcy, et la demande sera faite auprès des autres chefs d’établissements), mais toujours au nom de la communauté qui accueille.
Devant l’appel de l’Eglise de France, à l’occasion de Diaconia 2013, d’investir les paroisses dans la solidarité, nous avons interrogé un certain nombre de paroisses des Yvelines. Certaines paroisses ont manifesté un vrai désir d’engagement dans ce sens-là, comme une réponse à l’Evangile, et comme une réponse à l’appel de l‘Eglise. Une dizaine de paroisses ont répondu à l’appel, 3 équipes sont déjà constituées, 2 autres pratiquement constituées, et 5 autres en cours de constitution. Deux personnes ayant terminé leur peine sont actuellement accompagnées.
Ce projet est suivi par l’aumônerie nationale des prisons.