C’est, avec la prière, la relation avec le détenu la plus à notre portée. Tout le monde ne peut ou ne souhaite pas être visiteur mais on note actuellement un élan magnifique de bénévoles qui se proposent d’assurer une correspondance régulière, amicale et spirituelle avec la personne qui leur est attribuée, qu’ils n’ont pas choisie, mais qu’ils acceptent avec confiance et une grande générosité, à qui ils offrent une écoute sans jugement et la considération à laquelle toute personne a droit. Parmi les nouveaux correspondants, on note des étudiants et jeunes adultes. L’âge de 21 ans minimum est requis car les correspondants doivent avoir la maturité et l’ouverture d’esprit indispensable pour correspondre avec des personnes parfois troublées psychiquement, pour faire face à tous les aléas de la correspondance (transferts affectifs, arrêt sans explication) et pour recevoir des confidences qui peuvent être pénibles.
Lire ici le commentaire de Mgr Dubost, évêque d’Evry-Corbeil Essonne, lors de la rencontre nationale du Bon larron en 2011.
A quoi s’engage-t-on lorsqu’on décide d’écrire à un détenu ?
- A être régulier dans le courrier : écrire au moins une fois tous les 15 jours et si possible tous les 10 jours Le rythme peut changer au cours du temps (les fêtes de fin d’année, le procès, les moments de cafard peuvent le modifier).
- A être persévérant : ceci est très important pour le moral des détenus : abandonner une correspondance revient à mettre un détenu en situation de rejet.
- Adapter la forme de votre correspondance à son niveau intellectuel, psychologique, scolaire : utiliser des mots simples, des phrases courtes, soigner votre écriture.
- Ne pas les décevoir : car vous ne pouvez imaginer combien vos lettres seront précieuses et attendues. Dès que vous avez reçu la fiche du secrétariat vous indiquant le nom et les coordonnées du détenu, manifestez-vous tout de suite : car c’est vous qui écrivez en premier.
- Si vous n’avez pas de réponse, relancez-le 2 à 3 fois. Il se peut que le détenu ait des « passages à vide » et qu’il soit muet devant une page blanche. Au bout de 3 fois, alors seulement, avertissez le secrétariat qui fera le nécessaire pour comprendre la cause de ce silence.
Le but du courrier des Prisons
Leur révéler – sous la conduite de l’Esprit Saint – qu’ils ont un Sauveur qui les aime et qui met sa force de guérison et de régénération à leur disposition
- Et aussi les accompagner discrètement dans l’approfondissement de cette foi, en le découvrant avec eux à travers la vie de détention dont ils nous parlent dans leurs lettres.
- Leur faire percevoir que c’était bien l’attitude, le but du Christ qui n’attendait pas qu’on lui pose des questions, mais annonçait la « Parole de Dieu » à tous, à longueur de journée…La réception et la croissance de cette parole dépendant, nous dit-il, de la valeur du terrain ( terrain pierreux, ronces ou bonne terre.
- Paul nous dit, en effet :
S’il n’y a pas d’annonceur de la parole, Comment croiront-ils ? Confiance, l’Esprit Saint conduira votre plume ! Pensez aussi que votre lettre sera lue par 2,3 détenus ou davantage : elle circulera dans la cellule, ou même au-delà. Ne l’oubliez pas ! La Parole de Dieu sauve et guérit, la Parole de Dieu fait ce qu’elle dit. Confiance !
Comment fonctionne le courrier d’Auffargis?
Après votre inscription -il y a généralement un temps d’attente, car les demandes sont assez irrégulières – nous vous envoyons le nom, n° d’écrou, et l’adresse d’un détenu qui désire correspondre. Vous lui écrivez alors directement, à l’adresse de la prison, en n’oubliant pas de préciser son n° d’écrou. Au dos de votre enveloppe, vous mettez systématiquement :
M. (votre pseudonyme) c/o Courrier du Bon Larron 4, rue du Pont des Murgers 78610 AUFFARGISAinsi, votre correspondant vous répond, sous ce pseudonyme, au siège de la Fraternité qui sert de relais postal. De même, en cas de sortie ou transfert, la lettre nous revient, et nous vous avertissons aussitôt.
Le pseudonyme : pourquoi?
Il est conseillé d’en prendre un, non pas tant par méfiance à l’égard de votre correspondant que par prudence : dans les prisons, le courrier est ouvert, un détenu ne peut rien garder secret : quelques uns sont à l’affût d’un nom, d’une adresse qui pourrait servir à la sortie… Comment choisir ce pseudonyme ? Pour éviter les homonymes, nous vous demandons de prendre un nom qui ne soit pas un prénom ou un nom trop courant : que ce soit un nom de famille plausible, par exemple fait à partir des lettres de notre nom. Comme prénom, pourquoi ne pas garder le vôtre ?
Que dire dans la première lettre ?
Vous pouvez dire que quelqu’un, un ami ou le secrétariat, selon le cas, vous a donné son nom. Puis vous vous présentez discrètement, ainsi que votre famille (un petit mot sur chacun, vos goûts). Soyez chaleureux, montrez de l’intérêt pour ouvrir la porte à la correspondance. Vous pouvez aussi mentionner le fait que vous êtes chrétien(ne). Puis vous lui demandez de se faire connaître un peu de la même manière…lui, sa famille, ses goûts. Quels seraient les sujets qu’il aimerait partager dans votre correspondance. Lui demander aussi comment se déroule sa journée à la prison, s’il vient à l’aumônerie, si cela lui plait ?… Par la suite, vous pouvez lui faire partager votre joie ou votre émotion en partant d’un fait de vie : baptême, mariage, une parole d’Evangile qui vous a frappé, un témoignage… Vous pouvez également inscrire dans un coin de votre lettre une pensée chrétienne, une parole de Jésus. La discrétion, cependant, reste de rigueur. Il suffit de laisser parler son cœur avec l’aide de l’Esprit Saint, car Il vous a choisi(e) pour être son instrument !
Vous pourrez lire aussi les conseils du père Yves Aubry, à une correspondante dans une lettre manuscrite reproduite en pages 10-11 dans le n°53 du bulletin d’information du Bon larron.
En cas de transfert ou de libération
Votre correspondant peut continuer de vous écrire aussi longtemps qu’il le souhaite en passant par notre intermédiaire. Dites-le lui dès le début de votre correspondance. En effet, les départs ne sont pas annoncés, ceux qui sont partis sont rayés du fichier de la prison et on perd leur trace. Or tout changement de situation est une épreuve pour eux : il serait dommage que votre correspondance cesse à ce moment là !
Services
Si votre correspondant vous demande de faire quelques démarches pour lui hors de la prison : Ne lui répondez pas avant d’avoir pris conseil auprès du Secrétariat du Bon Larron
Argent
Tout détenu a besoin d’argent pour acheter : papier à lettre, enveloppes, timbres, cigarettes, produits d’hygiène, louer un téléviseur etc… A l’intérieur, cela s’appelle ‘cantiner’. Il peut vous solliciter : sachez que vous n’avez aucune obligation dans ce domaine. Une commission « indigence » dans chaque prison, fournit quelques aides matérielles aux plus démunis. Si vous voulez, exceptionnellement, lui adresser un petit don à l’occasion de Noël ou de son anniversaire, vous avez deux possibilités :
- lui dire de demander à la prison les références bancaires du Trésorier payeur et nous lui ferons un virement direct du montant du chèque que vous nous aurez adressé pour lui.
- ou, un mandat cash que nous enverrons de votre part, toujours du montant de votre du chèque que vous nous adresserez pour lui.
L’envoi se fait au nom du Bon Larron pour protéger votre identité. A noter que le virement n’entraine pas de frais postaux contrairement au mandat. Dans les deux cas ,vous pourrez obtenir un reçu fiscal. Ne jamais envoyer d’argent liquide en prison, celui-ci ne circule pas et le détenu serait sévèrement puni. Hormis pour les fêtes de fin d’année, un détenu ne peut pas recevoir de paquet par la poste. Pour les brochures ou revues, les abonnements sont autorisés. Donc, ne pas les envoyer sous enveloppe, ce n’est pas admis. Il est préférable d’abonner votre correspondant. Pas de livres, sauf exception en fonction du règlement intérieur de l’établissement. Demandez au détenu de se renseigner.
Envoyer un colis de fin d’année à un détenu
Le site du Ministère de la justice décrit le dispositif mis en place pour les fêtes de fin d’année ainsi que la liste des produits autorisés et interdits.
Les équipes locales du Secours catholique et de la Croix rouge organisent la distribution de colis standards aux détenus nécessiteux.
Attention, chaque personne en détention n’a droit, en principe, qu’à un seul colis de fin d’année. Cette règle explique le nombre de renvois de colis postaux
Quelques pistes pour aider le détenu dans sa vie quotidienne
« Le temps de la détention doit être utile » Demander souvent au détenu s’il reste en forme physique. Certaines prisons ou centres de détention sont équipés pour que les détenus puissent faire de la musculation, de la course à pied, du jogging.. Si ça va bien dans le corps, cela contribue à ce que cela aille mieux dans la tête. Suggérer au détenu de travailler, soit dans un atelier, soit dans les services intérieurs. La rémunération est faible, mais elle est. Et puis, cela occupe. S’il n’y a pas moyen de travailler, il faut absolument que le détenu travaille intellectuellement : il y a souvent des stages, ou des ateliers informatiques, ou autres cours sur place. Inciter le détenu à s’enrichir l’esprit, à lire de bons livres plutôt que des bandes dessinées. Il y a aussi les cours par correspondance par Auxilia. Le correspondant doit tout faire, petit à petit, naturellement, au cours du mois pour que le détenu lui écrive un jour « je n’en peux plus…je suis débordé…». L’expérience a montré à plusieurs reprises qu’on y arrive, c’est paradoxal mais un objectif accessible. A défaut de résultats probants, comme se faire diplômer ou passer un examen particulier, tout ce qu’aura appris le détenu, l’aidera durant sa détention et surtout à sa sortie. Car, ce qui est primordial, c’est la sortie. Plusieurs fois, des détenus ont dit : « au fond, ici, je suis chauffé, nourri, blanchi et j’appréhende d’assumer ma liberté, de me battre contre la vie. La réinsertion ou le plus souvent l’insertion est difficile : où aller, où trouver un logement, un travail…? Si la famille est là, si le détenu exerçait un métier, cela facilite les choses. Mais dans le cas contraire, le détenu retourne auprès de ceux qui étaient « ses amis » et la récidive se produit bien souvent. Si le détenu est devenu fort, s’il a bien préparé sa sortie, s’il peut se faire un plan de vie, les atouts physiques et moraux contribuent à la réussite. En dehors de l’aspect spirituel et religieux, qui a toute sa place au Bon Larron, chaque fois que l’on peut l’évoquer, donner comme point de mire la sortie oblige le détenu à enclencher un compte à rebours pour qu’il soit prêt le dernier jour de sa détention.
Présentation du livre « Saxifrages-Fictions carcérales » directement inspiré par un échanges de correspondance entre une bénénévole du Secours catholique et un détenu dans la prison de Fresnes
Documentaire video Le Jour du Seigneur : Odile bénévole à la fraternité du Bon Larron