Cher lecteur, tu auras bien compris les clins d’œil de ce petit recueil. II tient de l’art poétique, mais son caractère est aussi celui du témoignage.
Je finirai donc en te racontant une de mes aventures survenue en 1977, dans un grand hôpital psychiatrique. A ce moment là, je luttais depuis cinq ans pour vivre de ma foi, et mon pèlerinage me ramenait progressivement vers la vie publique.
J‘avais opté pour la vie communautaire et c’est dans ce cadre que mon délire poussa mes amis à me faire interner. Le psychiatre qui me soignait, me fît comparaitre devant un éminent professeur, qui une heure durant, fît la démonstration de son savoir devant un parterre d’une centaine d’internes. I1 démonta pièce après pièce toutes mes fragiles certitudes religieuses, faisant le procès de ma foi et de mon enfance, et me contraignant au bord des larmes à avouer que rien ne prouvait que ce petit inquisiteur pouvait se tromper. Cependant, s’il savourait sa victoire intellectuelle, il me permit d’aller enraciner ma foi en Dieu jusqu’à la rupture de ma vie. I1 souhaitait prouver par ses questions que je confondais Dieu avec mon père, que je ne pouvais pas faire la distinction entre foi et maladie, il ne ît que renforcer ma conviction qu’au delà de tout, « le Dieu fidèle et vrai EST ».
Ceci me permet de continuer par cette histoire du « Grand Dieu ». On dit, que lorsqu‘il eut fini de créer, le « Grand Dieu » convoqua sa cour et demanda où il pourrait cacher la Divinité ; on lui dit : dans le ciel. Dieu dit : « un jour les hommes, dans leur intrépidité, iront parcourir le ciel et par hasard la trouveront. On lui suggéra : dans la mer. Dieu dit : « un jour les hommes, dans leur intrépidité, iront parcourir le fond des mers et par hasard la trouveront ». Dieu décida qu’Il cacherait la Divinité dans le cœur de l’homme : là, personne n’ira la chercher.
Ma dernière pensée sera pour ces deux hommes qui gravissaient la montagne où s’était établi un ermite, et leur discussion spirituelle fît que le solitaire les interrogea : « de quoi vous inquiétez- vous ? » Le premier déclara : « nous cherchons le chemin du paradis ! » « Et pourquoi le cherchez-vous ? » dit le saint homme. Le premier visiteur dit : « j’ai entendu parler du paradis et de ses délices, voilà pourquoi j’en cherche le chemin. Le second visiteur dit : « moi, j’ai entendu parler de l’enfer et de ses tourments, voilà pourquoi je cherche le paradis. » L’Ancien leur dit, « vous êtes tous deux dans l’erreur, car vous ne cherchez pas le paradis pour y aimer Dieu. »