VERS D’UN ALCOOLO… A L’EAU
A toi qui mets le nez dedans
En appelant ça médicament
La bouteille n’est plus une amie
Elle t’enfonce lentement dans la nuit.
A toi qui bois pour oublier
Demain, quand tu seras réveillé
Les ennuis seront toujours là
Et plus profonds, encore, en toi.
A to dont ne tire pas la veste
Demain, on te fuira comme la peste
Car plus en poche une thune tu n’auras
N’oublie jamais cela.
Regarde bien autour de toi
Il y a ceux qui pense à toi
Surtout, ne va pas les décevoir
Garçon, c’est à toi de vouloir.
Tu verras dans ton abstinence
Que chacun a dans la vie, sa chance
Une femme, des enfants, des parents
Que beaucoup peuvent être intéressants.
A vous tous, solitaires qui sombrez
Et dans l’alcool, compagnie cherchez
Si pour un con vous me prenez.
A toi qui vas t’éclater
Avec ceux de mon âge
Passes-leur sans danger
Si tu veux ce message
Dis-leur qu’ils profitent de la vie.
Sans joint et sans alcool
S’ils n veulent pas tomber dans l’enfer
Et mordre la poussière.
Dis-leur que des amies
Telles que la blanche ou la bière
N’apportent rien de bon
Si ce n’est un régime de galère
Et qu’avant l’âge le parc à os
Sans tambour ni trompette
Les guettent.
Dis-leur, répètes-leur
Que ces artifices qui les envoient en l’air
N’aboutissent qu’à haine et misère
Pour eux, non pour ceux qui vivent
De ces funestes combines
Et qui, sans honte ni remords
Les transportent dans l’abîme.
Oui, dis-leur, répètes-leur
Qu’ils seront vieillards, tes potes,
Avant l’heure
Et s’éteindront sans voir un jour le bonheur.
Dis-leur qu’il fait bon vivre
De s’éclater en toute amitié,
D’être un homme heureux, libre
Sans se piquer ou se noircir,
Ne pas confondre le jour avec la nuit
Et se sentir apaisé, heureux
Rien que pour aujourd’hui.
Dis-lui, à cette jeunesse,
Que je n’ai pas vécu,
Qu’à, ce jour pour moi
Sans drogue et sans alcool
La vie est chouette.
Je regarde ma carcasse
Seul devant la grande glace.
Dieu, c’est une sale face,
Mes mains sont dégueulasses.
Il faut que cela passe.
Je dois refaire surface.
Reprendre goût à la vie.
Elle ne m’a pas toujours souri.
Toujours seul aujourd’hui.
Il doit venir l’oubli
Et ce passé maudit
Sortir de mon esprit.
Allons, mon petit père,
Sors de ton calvaire.
Sombre pas dans l’enfer,
Reviens sur terre,
Sors de ta misère,
Aie une volonté de fer.
Demain, il sera trop tard.
Allez, reprends espoir.
Le ciel est beau à voir.
Reste pas dans le noir.
Tu n’es pas un bâtard,
Tu n’es pas un cafard.
Deviens quelqu’un, mon vieux.
C’est un but merveilleux.
Garçon, pense à tous ceux
Qui sont plus malheureux
Regarde autour de toi.
Allez, pars au combat.
Pense, l’ami, pense
Qu’il ne faut vivre
Qu’un jour à la fois.
Hier, c’était hier.
Qui peut me dire
Ce que sera demain.
Pense, l’ami, pense
Dans l’abstinence
pour aujourd’hui.
Oui, rien que pour aujourd’hui.
Donne la bonté, essaie, essaie
Avec un peu d’humilité
Le bien que tu possèdes, essaie, essaie,
Oui, rien que pour aujourd’hui.
Pardonne, si l’on te fait du mal
Pour toi, ton seul, unique capital
C’est le premier verre.
Surtout ne pas toucher.
Pour toi, le primordial.
Et puis, aide ton prochain,
Fais-toi du bien.
Pense, l’ami, pense.
C’est pour toi vingt-quatre heures à la fois
Avec un Dieu d’amour
Tel que tu le conçois, toi.
Oui, en toi.
Mais pas de premier verre.
N’oublie pas hier, l’enfer.
Claude Forcadel,
in « Cet amour providenciel de la mort vainqueur » 2012, recueil à demander à la Fraternité du Bon larron.
Orphelin de père à 10 mois, biberonné au vin par sa nourrice, en hôpital psychiatrique à 11 ans, emprisonné à 21 ans, Claude Forcadel n’avait plus figure humaine lorsqu’il a entendu une voix intérieure le 10 janvier 1987 à 19h10 qui le fait revivre. Baptisé à 56 ans le 11 avril 1998 à Bar s/Aube, décédé à 75 ans la veille de la fête de l’Assomption, il y est enseveli le 17 août 2017
Ecouter son autobiographie sur https://www.youtube.com/watch?v=7PoEFq99_J4