Notre Pèlerinage annuel à Montligeon, préparation à l’année de la Miséricorde !
Pour tous ceux qui ne peuvent nous accompagner dans cette belle expérience annuelle de rencontre, prière, et partage, nous reprenons ci-dessous l’essentiel des différents enseignements qui nous ont été offerts.
La Prière comme école de miséricorde par le Père Robert, du monastère de la Trappe de Soligny
Tout d’abord, qu’est-ce que la miséricorde ?
« La Table pastorale de la Bible » comporte, rien que pour le mot «miséricorde», 282 citations, réparties en deux sections principales :
-1) la miséricorde de Dieu, en général.
-2) les caractères de la miséricorde.
Il ne m’est pas possible de les citer toutes, mais d’abord je citerai la première et la dernière.
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La 1ère figure au livre du Deutéronome, chapitre 4, verset 31. Elle donne le ton à toute la Bible. Moïse l’exprimera ainsi à la fin de son 1er discours en déclarant : «… Yahvé ton Dieu est un Dieu de miséricorde, qui ne t’abandonnera pas, ni ne te détruira, et qui n’oubliera pas l’alliance qu’il a conclue par serment avec tes pères. » Ton Dieu est un Dieu de miséricorde !
Pour la dernière, St Pierre dans sa 1ère lettre, au chapitre 2 au verset 10 nous dit « Vous, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, etc… vous qui jadis n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu, qui n’obteniez pas miséricorde et qui maintenant avez obtenu miséricorde ».
Entre ces deux extrêmes, nous trouvons au milieu de la Bible, à la jonction de l’Ancien et du Nouveau Testament, deux textes qui expriment la même idée de miséricorde, avec des mots différents.
En premier lieu, cette phrase que Jésus a déclarée, une nuit, à Nicodème : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils Unique : ainsi, tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle – car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » (Jn3, 17)
Dans les 4 évangiles, nous trouvons beaucoup d’autres paroles et des actes concrets témoignant de la miséricorde de Jésus. En St Matthieu (Mt 9, 13) et dans les textes parallèles, Jésus affirme : « Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs. »
A propos des paraboles du pardon :
– dans la parabole de la brebis perdue, on voit que ce Bon Pasteur qui ramène au bercail n’est autre que le Verbe de Dieu qui ramène toute l’humanité vers le Père.
– La drachme égarée, qui porte une effigie royale, symbolise le genre humain, qui porte l’image et la ressemblance de son Créateur ;
– quant à l’enfant prodigue, qui a vécu dans la pénombre et revient au foyer paternel, il signifie la conversion des nations païennes que Dieu lui-même va rechercher et retrouve dans la joie.
Jésus lui-même s’est montré très miséricordieux. Il a accueilli les publicains et les pécheurs et, pris de compassion, il a même ressuscité son ami Lazare, le fils de la veuve de Naïm, et la fille de Jaïre. Invité chez un pharisien, il a pardonné à la pécheresse qui était venue lui laver les pieds et lui dit finalement « Tes péchés sont pardonnés ». C’est Jésus encore qui dit à la femme coupable d’adultère : « Alors ! Personne ne t’a condamnée ? Moi non plus je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus » (Jn 8, 10-11) (Au moins, essaie !)
Au moment de mourir sur la croix, le Christ s’est encore montré plein de miséricorde en prononçant trois paroles très importantes :
* « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».
* Au bon larron repentant et qui l’invoque, «Amen, je te le déclare : aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le Paradis».
* Et enfin, après avoir dit à sa mère « Femme, voici ton fils », il dit à St Jean : « Voici ta mère », autrement dit « Voici la mère de miséricorde que je te donne, à toi et à tous les hommes, pour toujours ». Le refuge de pécheurs !
Voici donc, chers amis, comment Jésus s’est montré miséricordieux toute sa vie durant, depuis la crèche jusqu’à sa mort sur la croix. Mais, au soir même de sa résurrection, apparaissant à ses disciples et, sans plus tarder, il leur donne ce pouvoir extraordinaire de pardonner les péchés à tous ceux qui viendront se reconnaître pécheurs.
C’est aussi dans la prière que nous invoquons chaque jour la miséricorde et, tout d’abord, en redisant la prière que Jésus lui-même nous a enseignée : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés… »
Dans la prière liturgique, dans la récitation des psaumes, nous invoquons souvent la miséricorde de Dieu mais c’est, au fond, la même réalité de l’amour miséricordieux que nous invoquons.
Dans les Evangiles, il y aurait bien des textes à citer, par exemple en Matthieu 9, 13 : « Allez apprendre ce que veut dire cette parole : « C’est la miséricorde (envers les malades et les pécheurs), c’est la miséricorde que je désire, non les sacrifices».».
Ecoutons ce qu’écrit St Pierre dans sa 1ère lettre : « Vous tous, en esprit d’union, dans la compassion, l’amour fraternel, la miséricorde, l’esprit d’humilité, ne rendez pas mal pour mal, insulte pour insulte. »
Dans les Actes des Apôtres, on trouve le récit de deux visites de prison, vraiment extraordinaires. Au chapitre 5, le Grand prêtre a mis tous les apôtres en prison. Or, pendant la nuit, ils reçoivent un visiteur étonnant : un Ange du Seigneur. L’ange ouvre les portes de la prison, les conduit dehors et leur dit : « Allez annoncer hardiment au peuple, dans le Temple, tout ce qui concerne cette vie-là. » Et ils y vont…
Au chapitre 12, c’est le Roi Hérode qui a fait arrêter Pierre. Or, la nuit-même avant le jour où Pierre doit comparaitre, il dort entre deux soldats enchainés avec lui. Devant la porte, des sentinelles… Soudain, l’Ange du Seigneur survint, et le cachot fut inondé de lumière. L’Ange le fit lever : « Debout, vite ! » et les chaines lui tombent des mains. Il met sa ceinture, chausse ses sandales, prend son manteau et franchit un premier, puis un second poste de garde et la porte de fer s’ouvre toute seule devant l’Ange et Pierre. Là aussi l’évasion a réussi…
Tout le monde, hélas, ne reçoit pas de tels visiteurs pour accomplir cette œuvre de miséricorde qu’est la visite des prisonniers.
Pour terminer, je veux signaler une dernière œuvre de miséricorde que nous devrions tous pratiquer fidèlement. Je veux dire : la prière pour les défunts.
Nous le savons : une fois qu’ils ont quitté ce monde et qu’ils ont paru devant le Seigneur, nos frères et nos sœurs défunts ne peuvent plus rien pour eux-mêmes.
Mais, en vertu de la communion des saints, et parce que nous sommes tous solidaires dans le Christ, chacun d’entre nous peut aider nos frères défunts qui, pour la plupart, achèvent leur ultime purification avant d’entrer dans la plénitude de Dieu.
Or nous pouvons accomplir cette œuvre de miséricorde par nos sacrifices, nos prières et, surtout, par l’offrande du Sacrifice eucharistique, car, à chaque messe, toute l’Eglise, chaque jour, prie « pour tous ceux qui nous ont précédé, marqués du signe de la foi et qui dorment dans la paix », et nous souhaitons « qu’ils entrent dans la joie, la paix et la lumière !.. » C’est là toute l’œuvre de Montligeon : prier et faire prier pour les défunts.
En guise de conclusion… Que faut-il choisir ? « La prière comme école de miséricorde » comme c’était le sujet prévu ? ou bien « La Miséricorde, comme école de prière » ? Je pense que nous ne pouvons pas choisir.
La Miséricorde ou « TOUJOURS PLUS… »par Mère Marie-Aimée, Fondatrice et prieure de la Communauté de la Nouvelle Alliance
J’ai choisi d’associer ces mots : « toujours plus » à l’énoncé de la Miséricorde, dans la joie de partager avec vous cette Bonne Nouvelle : Oui, l’Amour infini de Dieu est inépuisable ! Alors qu’il était déjà mort, le centurion romain perce de sa lance le côté de Jésus, et il en jaillit du sang et de l’eau. Voilà, sous nos yeux, la source jaillissante d’Amour qui se déverse du calvaire jusqu’à nous. Le Cœur transpercé fait référence à l’humanité du Christ, mort pour nous. En le contemplant, nous découvrons l’amour de Dieu qui transparaît en lui. Dans le Cœur de Jésus, nous percevons le Cœur (cor) miséricordieux de Dieu qui bat pour nous, les pauvres (miseri)… La plaie du côté de Jésus est une blessure d’amour, afin que nous nous laissions à nouveau enflammer d’amour à son contact.
Tel est bien l’enjeu de la Miséricorde, évoqué par saint Paul (Rom 2,1-11) : « méprises-tu ses trésors de bonté, de patience et de générosité, en refusant de reconnaître que cette bonté de Dieu te pousse au repentir».
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La conversion ! Les deux paraboles les plus connues de l’Evangile sont celle du Bon Samaritain et celle du Fils Prodigue. Leur sens dépasse un simple humanisme. Ces paraboles manifestent la bonté et la tendresse de Dieu, qui compatit à nos faiblesses. Dans la parabole du fils prodigue, Jésus nous dit : c’est ton histoire qui est racontée, c’est toi qui es ce fils perdu, mais toi aussi, il faut te repentir et changer de vie. N’aie pas peur. Dieu lui-même vient à ta rencontre et te prend dans ses bras. Il ne t’humilie pas. Il te rend ta dignité de fils.
Pour comprendre ce que veut dire la Miséricorde retenons ces mots (cités par St Jean-Paul II dans son encyclique sur la Miséricorde) : revaloriser, promouvoir, tirer le bien de toutes les formes de mal, dynamisme de l’amour.
Quelques exemples tirés de l’Ecriture :
Tout d’abord, il est intéressant de constater que c’est en raison de ses œuvres de miséricorde, considérées comme scandaleuses, que Jésus a été conduit à la croix (Mc3,6 et Mc 2,6). Jésus a manifesté et proclamé la miséricorde du Père : il s’est occupé des malades, des possédés, il est ému de compassion lorsqu’il rencontre le lépreux (Mc1,41). Il a pitié de la foule affamée, des deux aveugles qui implorent sa Miséricorde (Mt.24,30) Sur la croix, il a pardonné au larron et prié pour ceux qui l’avaient crucifié. (Lc.23, 34-43) Il nous montre que la Miséricorde de Dieu est pour tous (Lc.7,34)… Que la Miséricorde dépasse toute mesure.
L’exemple sur lequel il nous est bon de revenir est le retour du fils prodigue (Lc.15). Ce fils va faire la vérité sur lui-même, et c’est précisément ce qu’attend la Miséricorde pour nous inonder de sa bienveillance : le repentir. Dans l’attitude du Père du Fils prodigue, nous découvrons les aspects de la Miséricorde : elle est fidèle, comme le Père qui guette le retour de l’enfant, elle croit vraiment que son cœur reviendra à la sagesse, elle est patiente, elle offre sa confiance, les bras ouverts, elle va au-devant de l’enfant blessé !
Observons maintenant le très beau passage du récit de la femme adultère : (Jn.8. 3-11). On amène à Jésus une femme surprise entrain de commettre l’adultère ; ils la poussent devant tout le monde et rappellent à Jésus, pour le mettre à l’épreuve, que Moïse, dans la loi, à demandé la lapidation pour cette faute.
Que fait Jésus ? Comme elle est belle son attitude de miséricorde ! Il se fait plus petit, il s’abaisse. Comme pour ne pas se situer en juge, ni l’impressionner davantage, il se penche pour écrire sur le sol. En se penchant ainsi, Jésus montre qu’il est descendu pour chercher ceux qui étaient perdus. « Il renvoie chacun à sa conscience : « que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ! » Ils s’en vont, les uns après les autres, et Jésus demande à la femme : « personne ne t’a condamnée ? » Elle répond : « personne, Seigneur ! » Le Seigneur prend soin de faire dire à cette femme si douloureusement blessée que personne ne l’a condamnée. Elle s’entend affirmer : personne ! Et, déjà, elle se redresse ! Enfin il y a cette très belle affirmation du juste par excellence, Jésus : « moi non plus je ne te condamne pas va et ne pèche plus ! »
Le pape François témoigne, lui aussi, avec force, en nous disant que c’est en entrant dans une église, en allant se confesser et en recevant la tendresse du Père pour lui qu’il a compris qu’il était appelé à le suivre, jusque dans le sacerdoce ».
Paroles de Jésus à sainte Faustine : « les grâces de ma Miséricorde se puisent avec un unique moyen, qui est la confiance. Plus sa confiance est grande, plus l’âme reçoit ! »… « Ne t’enfonce pas dans ta misère, regarde mon Cœur plein de bonté. Viens, et puise les grâces de cette source avec le vase de la confiance… »
Enfin, pour mettre nos pas dans ceux de Jésus, gardons en mémoire l’enseignement de l’Eglise, qui nous invite à vivre sept œuvres de miséricorde spirituelle (conseiller ceux qui doutent, enseigner ceux qui sont ignorants, réprimander les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes importunes, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.), et sept œuvres de miséricorde corporelle : donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, loger les pèlerins, visiter les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts.
La miséricorde est « contagieuse » ! Plus nous la recevons d’un cœur reconnaissant, plus nous la transmettons. Allons fréquemment recevoir le sacrement de notre perpétuelle jeunesse, par la confession….Et toi qui a été pardonné, à ton tour, transmets l’Esprit-Saint, pardonne, libère, restaure, illumine, ressuscite !
Les différentes formes de Prière, par le Père Patrick du Saint Rosaire, notre accompagnateur spirituel
Le dernier enseignement, mais pas le moindre, de notre pèlerinage, pour nous permettre d’entrer mieux ‘armés’ dans l’année de la Miséricorde Divine !
Pour commencer, considérons la prière des premiers chrétiens (Ac 2, 42). Elle est typique de la prière de l’Eglise : une prière fondée sur la Foi des Apôtres, authentifiée par la Charité, nourrie dans l’Eucharistie.
Ces prières trouvent leur actualité, leur réalisation, leur accomplissement dans le Christ. A son Eglise en prière, l’Esprit Saint rappelle le Christ, et tout ce qu’Il a dit. Il l’éduque à la vie de prière. Il suscite des formulations nouvelles, qui se développent dans les grandes traditions liturgiques et spirituelles, des expressions qui se renouvellent au sein de formes permanentes : bénédiction, adoration, demande, intercession, action de grâce, louange.