Dans cette prison du nord de la France, des voix s’élèvent. Une note de joie dans un univers éprouvant.

2 heures par semaine, des personnes détenues au Centre de détention de Bapaume dans les Hauts-de-France se retrouvent pour chanter, dirigées par Roselyne, professeure de musique, bénévole du Secours Catholique.

La vingtaine de participants, des hommes mais aussi des femmes, interprètent un répertoire varié de la chanson française. « C’est amical, on rigole bien, et la musique crée du lien entre les détenus », déclare Roselyne. L’année se conclut par un concert au Centre de détention et les chanteurs en sont fiers : « On montre qu’on n’est pas seulement des détenus », témoigne l’une des choristes.

Chaque semaine, une évasion a lieu au centre de détention de Bapaume, mais personne ne semble s’en inquiéter. Quelques notes de musique franchise les murs, s’échappent discrètement à travers les barreaux et rompent la monotonie locale.
Cette fuite temporaire, une des rares activités mixtes de la prison, se déroule sous l’oeil parfois curieux, parfois gêné, parfois indifférent des surveillants.
Pendant 30 ans, Roselyne a écrit à des prisonniers via une association. Constatant que les lettres étaient de moins en moins lues, elle a voulu leur parler autrement. En 2016, elle se lance le défi de former une chorale de détenus : à défaut de s’écrire, ils chanteront ensemble.
Les chansons sont choisi de concert par la chef de chœur et ses choristes. Pas question de chanter Les portes du pénitencier ou Les damnés de la terre : c’est le registre de la variété française, des Brassens, Brel, ferrat, Aznavour qui l’emporte.
« Aller à la chorale, c’est l’impression d’avoir deux heures de liberté. Quand on chantait avec Roselyne, on oubliait qu’on était en prison !» S’enthousiasme Sébastien. Chaque détenu intègre le cœur avec ses raisons, souvent pour rompre l’ennui. « Mais ça m’a donné du baume au coeur, ça me changeait les idées. Quand on est en prison, on peut broyer du noir. C’était un moment de respiration, une récréation » explique Rémi
Entre les membres de la chorale, se créent progressivement des liens, des amitiés, voir plus si affinités… Même si elle a « lancé la chorale d’abord par amour de la musique», elle n’hésite pas à parler de sa foi chrétienne lorsqu’on le lui demande. Elle leur apporte la chanson, mais avec elle un précieux supplément d’âme.
Sources : Grégoire Hinterlang de la Revue Limite et Secours catholique Caritas France