« Le Bon larron » et après

Voilà mon histoire. Hébergé tout d’abord au « Bon Larron » à Lisieux en 2009 à ma sortie de prison, je suis resté peu de temps à mon grand regret car la maison de la Fraternité y a été fermée sur ordre de l’évêché. J’ai donc atterri en catastrophe au « Bon Larron » à Auffargis sur ordre de justice. C’était le 31 décembre (quelle date pour un réveillon !). Mais, quand j’ai franchi le seuil de la maison du père Aubry, j’ai été accueilli les bras ouverts par Robert et Luc. Ils m’ont mis à l’aise. Nous avons partagé la soirée. J’ai ensuite fais la connaissance d’Alain, puis des bénévoles. Je tiens à les citer pour tout le travail qu’ils font, mais aussi pour leur écoute.  Ils sont solidaires, dans l’esprit de fraternité que le père Aubry a laissé dans sa maison.

Pour ce qui est du quotidien, ayant des connaissances en cuisine, j’ai pris la décision de faire le repas du midi et du soir chaque jour. Alain s’occupait du ménage et nous faisions la vaisselle ensemble. La maison était entretenue. Puis nous avons eu la chance de rencontrer Pascal, un jardinier qui a transformé le jardin en un petit havre fleuri.

Nous participions au groupe de prière du 1er vendredi matin de chaque mois, au groupe de prière du 3ème vendredi suivi d’un repas partagé ainsi qu’à la mise sous pli des bulletins pour les membres de la Fraternité. Puis, avec Béatrice, des repas et goûters. Nous avons partagé des moments de convivialité avec d’autres personnes.

Oui, c’est d’abord « une maison familiale » avec l’esprit de partage, de fraternité. Certains aimeraient y être hébergés durant un temps de pause pour favoriser leur réinsertion. Par rapport aux grands foyers où il n’y a pas forcément l’écoute ou l’attention pour chacun, « Le bon larron » est basé sur l’amour qui est si important pour chacun de nous. Que ce soit le président Michel, Odile, Marie-Agnès, Claudie, Béatrice… et tous ceux qui nous ont quittés mais qui ont fait un travail extraordinaire. Bien sûr, il y a de nouvelles personnes qui ont pris le relai. Il y a aussi des groupe de partage d’Evangile avec le chapelet et le repas partagé un vendredi par mois selon les disponibilités.

Pour ma part, je ne serais jamais assez reconnaissant pour toute l’aide que j’ai reçue de tous, aussi bien les résidents que les bénévoles que les membres du Bureau. Ils m’ont reçu dans l’urgence. Maintenant que j’ai retrouvé mon autonomie, je leur dois beaucoup de cette main tendue. Le Christ a tout son sens dans ma vie : « Aime to prochain comme je t’aime ». Cela me fait réfléchir et me dire que, moi aussi, je suis capable comme tout le monde de faire des actes d’amour pour les autres sous quelque forme que ce soit. Ne te prends pas pour le nombril du monde mais sois plutôt humble, et regarde autour de toi, les personnes qui attendent cette main tendue pour remettre le pied à l’étrier et retrouver sa place dans la société, sans oublier d’où on vient, ce qu’on a partagé.

Pour ma part, quand je suis sorti de prison, j’ai décidé de correspondre le plus possible avec les détenu(e)s de manière régulière car le courrier est très important en prison, pour ceux qui sont seuls ou sans famille. Tout ce travail est en accord avec l’esprit de partage est en accord avec l’esprit de partage qu’il y a au « Bon larron ». J’ai ma vie, mais quand je le peux, j’essaie de participer à la vie de cette grande famille qu’est le « Bon larron » où il y a des personnes de tous les âges qui se comportent comme des frères et des sœurs. Ces ami(e)s marchent dans le même sens au sein de la Fraternité.

Longue vie à la maison du « Bon larron » ! Merci à vous tous et au père Aubry !

Patrick Vigneau, 18 mars 2016

« Avec une pensée pour tous ceux que j’oublie, que j’ai connus et que je remercie.