Recevant le 8 novembre 2019 au Vatican une cinquantaine de responsables de la pastorale pénitentiaire du monde entier venus à Rome pour un atelier du Dicastère pour le développement humain intégral, le pape François est revenu sur cette « culture du déchet » qu’il ne cesse de dénoncer dans la société et dont il voit un nouvel aspect dans les prisons. Il s’est dit préoccupé par des politiques pénales qui n’ont pour objectif qu’une mise à l’écart des détenus au détriment du développement des personnes et de leur réinsertion.

Au début de son discours, il a notamment mis en cause les « décisions légalistes et inhumaines, justifiées par une prétendue recherche du bien et de la sécurité » et regretté que la société « cherche dans l’isolement et dans la détention de celui qui agit contre les normes sociales la solution ultime aux problèmes de la vie de communauté ».

Le pape François a relevé que beaucoup de ressources publiques sont destinées à la répression plutôt qu’à la «promotion d’un développement intégral des personnes» réduisant ce qui favorise les actions illicites.

« Il est plus facile de réprimer que d’éduquer », a regretté le pape pour qui les prisons se limitent trop souvent à des lieux où ceux qui transgressent la loi sont « enfermés dans l’oubli », devenant de « véritables lieux de dépersonnalisation » plutôt que d’offrir «des opportunités de développements semblables à tous les citoyens».

Dans son discours, le pape François s’est aussi soucié du sort des détenus à leur sortie de prison. La personne qui sort de prison est souvent confrontée «avec un monde qui lui est étranger et qui par ailleurs ne la reconnaît pas comme digne de confiance, allant même jusqu’à l’exclure de la possibilité de travailler pour obtenir un gagne-pain digne».

Il a ensuite interpellé les participants présents : « Si ces frères et sœurs ont déjà purgé leur peine pour le mal commis, pourquoi met-on sur leurs épaules un nouveau châtiment social, avec le rejet et l’indifférence ? », s’est-il interrogé, mettant en garde contre cette « aversion sociale » qui risque de les faire « retomber dans les mêmes erreurs ».

Il a encouragé les aumôniers de prison à « rendre présente la miséricorde du Père » auprès des détenus et à continuer leur « ministère d’espérance ».

Le Pape a assuré de sa prière tous ceux qui «par un silence généreux, servent ces frères, en reconnaissant en eux le Seigneur». Il a aussi félicité ceux qui accompagnent les familles des prisonniers.

Il a terminé son discours par deux «images». D’abord, en évoquant la prison à perpétuité qui est, selon lui, «discutable», celle de prisons avec des fenêtres ouvertes sur l’horizon. «Il n’y a pas de peine humaine sans horizon. Personne ne peut changer de vie s’il ne voit pas un horizon», a-t-il expliqué.».

La seconde image est celle qui a marqué Jorge Mario Bergoglio, alors séminariste, lorsqu’il passait devant la prison de Devoto à Buenos Aires: les mères de détenus faisant la queue, en attendant de pouvoir entrer dans la prison pour rendre visite à leur enfant. Elles devaient se soumettre à d’humiliants contrôles de sécurité.  «Ces femmes n’avaient pas honte que tout le monde les voie», a souligné le Pape, souhaitant que l’Église se laisse enseigner par l’esprit et les gestes maternels de ces femmes envers les prisonniers.

Les mots de Christ, rapportés par saint Matthieu, sont venus clore le discours du Souverain Pontife: «Amen, je vous le dis: chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40).

Sources : VaticanNews, La Croix