Deux aumôniers en témoignent

Jean-Paul Aragon, aumônier de prison en Tarn-et-Garonne, témoigne de la présence du Christ dans le cœur des détenus.

Thierry est l’une des premières personnes détenues que je suis allé visiter. Mes premiers pas d’aumônier dans un tel établissement ont été hésitants et quelque peu angoissés… Qu’allais-je rencontrer derrière cette porte close dont je tiens la précieuse clé à la main ? L’accueil m’a tout de suite rassuré.

Des rencontres comme une source d’eau vivifiante

Thierry était incarcéré pour une longue peine, mais il vivait profondément chaque journée et chaque rencontre. Dans la conversation, il était bien sûr question des derniers événements de la prison, de sa santé qui n’était pas bonne, et de son histoire, de ce qui l’avait amené là. Toutes ces conversations étaient éclairées par une foi sereine et profonde qui me touchait profondément, si bien que ces rencontres devenaient pour moi comme une source d’eau vivifiante.
Le calme de Thierry était communicatif et il arrivait que les surveillants lui amènent une personne mal dans sa peau pendant quelques jours pour  le remettre d’aplomb.
Thierry n’était pourtant pas un enfant de chœur et il n’était pas en prison pour rien ! Un jour, voilà ce qu’il m’a dit : « Quand je pense à mon enfance, mon adolescence, c’est évident que devais finir en prison. Mais pourquoi Dieu a-t-il voulu que je sois en prison ? Ma réponse c’est que Dieu m’a créé pour aimer, et ici, il y a besoin de beaucoup d’amour… »

Dieu touche en chacun ce qu’il y a de meilleur

Thierry a été transféré dans une autre prison, je ne l’ai plus jamais revu mais je garde au plus profond de moi cette confiance merveilleuse dans le regard bienveillant de Dieu qui va toucher en tout homme ce qu’il y a de meilleur.

En acceptant cette mission d’aumônier de prison, je me demandais comment témoigner de Jésus-Christ dans ce milieu difficile… Mais je n’ai pas eu à apporter le Christ dans un univers dont il aurait été absent : je l’ai rencontré présent, vivant et agissant dans le cœur de Thierry. Il m’a parlé à travers lui et m’a rassuré. Aujourd’hui, je rends grâce pour cette rencontre vivifiante.

Jean-Paul Aragon, aumônier de prison

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Sophie Drouot, également aumônier de prison, rapporte les paroles d’un détenu. S’il a commis selon lui ‘l’irréparable’, c’est bien en prison qu’il a découvert la liberté intérieure, une relecture de vie qui lui a permis de rencontrer le Seigneur.

« Je suis rentré en prison anéanti.  J’ai tout perdu en sept ans, parents, frères, ma famille. Je ne voyais plus aucune raison de vivre, le suicide me paraissait la seule chose à faire ; mais une ‘petite voix’ me disait qu’il fallait que j’assume mes erreurs et j’ai fait la demande de rencontrer l’aumônier catholique de la prison. Je me suis confié à lui non sans une grande souffrance, mais je sentais en moi que c’était l’intermédiaire pour demander pardon à Dieu. Quel soulagement ! Comme une délivrance…

En prison, le Christ est devenu ma source de Vie

« Tout n’était pas réglé mais je venais de commencer, sans m’en rendre compte, ma reconstruction. Cela a été suivi par un passage en soins à l’hôpital, la tête en avait pris un coup.  Je priais la Vierge Marie chaque jour et j’ai compris qu’à l’aumônerie on me faisait confiance.

Un jour, l’aumônier m’a fait une métaphore qui reste à jamais gravée dans mon cœur : ‘Tu es comme un rosier ; quand il est enraciné il donne de jolies fleurs, mais il arrive un temps où il faut le tailler pour qu’il soit plus fort et qu’il donne de plus belles fleurs.’ J’en suis au stade bourgeon.

On peut se retrouver en prison et être libre à la fois, bien plus libre que certaines personnes à l’extérieur. J’en ai fait l’expérience : je m’étais emprisonné sans m’en rendre compte, prisonnier de mes erreurs, de mon travail, d’un système. Je suis passé à côté de l’essentiel, l’amour des miens, de ma famille, de mes amis. Je n’ai rien vu venir.  Mais je sais une chose : même si j’ai perdu l’amour de ma femme et de mes filles, je ne les ai jamais autant aimées que depuis que je suis en prison, grâce à l’intervention du Seigneur. Il est devenu ma source de Vie. »

Source : JEAN-PAUL ARAGON ET SOPHIE DROUOT, ET LE RÉSEAU MONDIAL DE PRIÈRE DU PAPE EN France

Cf. la page : Aumôneries