L’archevêque de Poitiers, Mgr Wintzer, a présidé la messe de Noël 2017 au centre pénitentiaire de Vivonne

L’office religieux qu’il animait avait lieu dans le gymnase du Centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne, entre 9 h et 11 h.

Bercés par le ronronnement du chauffage à air pulsé, cinquante détenus de la maison d’arrêt, du quartier femmes et du service médico-psychologique régional (SMPR) -une unité de soins mentaux – ont assisté à cette messe. Il s’agit d’un des rares rendez-vous carcéral de l’année où femmes et hommes peuvent se cotoyer.

« Les femmes ont préparé la crèche depuis un mois et demi, souffle Bruno Genet, le responsable de l’aumônerie. D’autres détenus ont confectionné des étoiles. Certains vont lire des intentions de prière pour les victimes et pour les familles. »

Mais les surveillants pénitentiaires, qui surveillent discrètement l’animation religieuse, ne sont pas dupes : « Aujourd’hui, ils sont catholiques. Demains ils seront protestants ou musulmans. Pour les détenus, c’est juste une occasion de sortir de leurs cellules », confie l’un d’eux qui reconnaît un « réconfort », voir un « apaisement » apporté par la messe.

Si les clémentines et le jus d’orange, distribués en fin de messe, améliorent l’ordinaire de la « cantine » pour le repos des ventres, le rendez-vous œcuménique aurait aussi une vertu pour la compréhension de la peine.

« La prison est un cheminement et Noël est amputé ici de beaucoup de ses dimensions, rappelle l’archevêque de Poitiers, Mgr Pascal Wintzer. La veille, il avait déjà animé une messe à la maison d’arrêt de Niort. Contrairement à une messe à l’extérieur, les détenus vivent Noël en étant privé de la liberté d’aller et de venir, de se retrouver en famille. »

Marian, un détenu d’origine roumaine, papa de quatre enfants, confirme : « Ma famille me manque. Je suis venu à la messe, parce qu’il est important d’être ensemble aujourd’hui. »

Ces cinquante détenus ont au moins eu la chance « d’aller et de venir » jusqu’au gymnase de la prison poitevine. Des privilégiés. Car il y a la prison dans la prison, comme l’a rappelé l’archevêque : « Ayons une pensé pour ceux des quartiers arrivants, disciplinaires ou à l’isolement, qui n’ont pas pu venir…  »

Avant l’eucharistie, plusieurs détenus ont pris la parole devant les autres. L’un pour demander « pardon à ses victimes. » Une autre pour « la souffrance que nous faisons subir à nos familles à cause de l’incarcération. »

Une messe de Noël en prison, c’est un peu le parloir des âmes.

Source: La Nouvelle République