Dès la mi-mars, des détenus belges ont suggéré de fabriquer des masques de protection sanitaire dans leur atelier de couture pour faire face à l’épidémie de Covid19. Ils sont suivis par de nombreux détenus dans le monde, bénévoles ou rémunérés.

Les initiatives belges

Le 17 mars, l’administration pénitentiaire belge a indiqué que du tissu a été coupé pour faire 2 000 masques buccaux. Les compétences en couture de quelques détenus avaient déjà été testées à la prison d’Audenarde (nord-ouest) à l’occasion de la commande récente d’une entreprise extérieure sous-traitant sa production. La perspective d’une pénurie de masques pour les personnels soignants avec la propagation de la maladie Covid-19 a convaincu l’administration de demander ses modèles à cette entreprise afin que d’autres détenus en confectionnent ailleurs.
A Lantin, 12 détenues ont commencé le 30 mars la confection de masques, qui seront utilisés pour la prison. Tous les membres du personnel ont un masque en tissu. Mais ce masque en tissu doit être lavé chaque jour. L’objectif est donc d’en produire plus, pour le « confort » du personnel. Confort tout relatif bien sûr.

Les prisons françaises mobilisées

Depuis le 18 mars, l’organisation des prisons françaises a été chamboulée et certains détenus ont souhaité passer leur temps en participant à l’«effort collectif». Huit établissements pénitentiaires permettent à leurs détenus de fabriquer des masques pour les donner aux soignants et aux différents services du ministère de la Justice.

Les ateliers des prisons d’Arles et de Moulin fabriquent des masques à la place des uniformes pour l’administration pénitentiaire. Le centre pénitentiaire pour femmes de Rennes, ainsi que la prison de Val-de-Reuil, dans l’Eure, se sont également mis à la confection de masques. Les établissements de Saint-Martin-de-Ré, Valence, Muret, Châteauroux, qui avaient pour la plupart déjà un atelier de confection, vont s’y mettre aussi. Au total 140 détenus, tous volontaires et payés, sont mobilisés, a expliqué le directeur de l’agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice.

Des tests ont conclu que ces masques présentent un niveau de protection suffisant. Ils seront envoyés aux soignants des hôpitaux de Paris et de Lyon, ainsi qu’aux surveillants de prison, aux agents de la protection judiciaire de la jeunesse et aux services judiciaires.

Dans le centre de détention de Val-de-Reuil, «on a sorti 800 masques en 3 jours et l’objectif est d’arriver à 600 par jour», a expliqué le responsable de l’atelier de confection. L’équipe devrait bientôt atteindre les quinze personnes. Ils fabriquent des masques en tissu, anti-projection, lavables.

Au centre pénitentiaire pour femmes de Rennes, «il y avait plus de volontaires que de postes» a indiqué la directrice. «C’est un geste citoyen, civique. Elles participent à l’effort collectif. Elles ont le sentiment d’être utiles à la collectivité».

Au Mexique, des dizaines de prisonniers mexicains s’activent

À la tâche dans les ateliers de plusieurs prisons, notamment à Mexico, les détenus confectionnent environ 2.000 masques par jour.

« C’est un travail très important pour soutenir la société qui traverse cette crise », a expliqué le responsable de l’organisation du travail à Reclusorio Norte, une prison de la capitale mexicaine.

Les femmes détenues sont aussi mises à contribution dans d’autres établissements à la périphérie de Mexico.

La mairie de la ville précise que les prisonniers utilisent un tissu antibactérien. Les masques cousus sont ensuite emballés dans des sachets biodégradables.

Une fois terminés, les masques sont expédiés vers différentes agences gouvernementales pour être distribués. Une partie de ces masques est destinée à l’usage des détenus eux-mêmes.

« C’est une satisfaction de pouvoir aider la population », explique Omar Tapia, qui purge une peine de cinq ans de réclusion pour vol. Dès le début de la crise sanitaire au Mexique, les masques sont devenus une denrée rare en dépit des appels officiels à ne les utiliser qu’en cas de contamination avérée et le gel hydroalcoolisé est introuvable.

Au Brésil, des prisonniers sont embauchés

Le 25 mars, le gouverneur de Sao Paulo a décidé que 200 détenus de cinq prisons vont fabriquer 320.000 masques. « Nous aurons une production de 26.000 masques par jour, suivant les normes sanitaires en vigueur, et cela coûtera 0,80 réal [environ 0,15 euro] par masque au gouvernement », a expliqué le gouverneur. L’Etat de Sao Paulo est à la fois le plus riche et le plus peuplé du Brésil mais est aussi le plus grand foyer de contamination du pays.