Après dix ans derrière les barreaux David Desclos a décidé de prêcher la bonne parole auprès des détenus et essaye de les remettre dans le droit chemin. Entre one-man show comme humoriste et ateliers d’écriture, il se fait accompagner d’anciennes victimes pour tenter d’amorcer un dialogue entre deux mondes, qui n’ont pas l’habitude de se croiser. 

REPORTAGE EUROPE 1

C’est l’étonnante association d’un braqueur repenti et d’une victime. Après plus de dix ans derrière les barreaux David Desclos, multirécidiviste de 45 ans, décide de changer de vie et de prêcher la bonne parole auprès d’anciens confrères au travers d’un one-man show, mais aussi d’un atelier d’écriture qui met face à face une victime et d’une dizaine de détenus.

Deux mondes se croisent et entament le dialogue

Ce matin, c’est au centre de détention d’Argentan, dans l’Orne, où David Desclos a lui-même passé un an, que se déroule l’atelier. Il est accompagné de Marie-Ange, victime d’un cambriolage. « Nous étions dans la maison quand les voleurs sont rentrés, évidemment cela change une vie. Moi j’ai déménagé », explique-t-elle. « Mais madame, il ne faut pas oublier que lors d’un cambriolage, on ne vise pas la personne », lui rétorque un détenu. « On vise la maison et ce qu’il y a à l’intérieur, on ne veut pas faire de mal, on veut juste prendre l’argent ou les objets de valeur », ajoute-t-il. 

C’est à cet instant que le parcours de David Desclos lui permet de prendre la parole et de, peut-être, trouver un écho chez les prisonniers : « Marie-Ange le vit comme un viol, les victimes se disent que vous pouvez revenir. Je ne sais pas si tu prends conscience de ça, qu’elle est touchée ». « Je sais, mais je ne suis pas contre vous », persiste le détenu. Instaurer un dialogue entre deux mondes qui ne communiquent pas, tel est l’objectif de cet atelier, une sorte de justice restauratrice pour laquelle milite Marie-Ange. 

« Je suis dans le pardon complet »

« J’ai eu un détenu qui m’a dit un jour : ‘J’ai toujours voulu demander pardon aux gens à qui j’ai fait du mal. J’en ai parlé en prison et on l’a répondu qu’il n’y avait pas de programme pour ça. Et aujourd’hui, le fait de vous avoir demandé pardon à vous, ça m’a fait du bien. Et vous remercie d’être venu' », raconte-t-elle. « Je suis dans le pardon complet », affirme l’ancienne victime au micro d’Europe 1. « Si par ma présence, je pouvais aider un ou deux détenus, et faire en sorte qu’ils ne retournent pas en prison une fois sortis parce que je les ai amenés à réfléchir, je suis heureuse. C’est ça que je suis venue chercher. » 

Une fois le dialogue entamé, place aux planches avec le spectacle de David Desclos devant 80 détenus : « Si j’avais un combat à mener, ce serait pour nos familles qui souffrent ! Les petits frères qui sont dehors et qui font des conneries doivent savoir la misère qu’ils vont faire à leurs proches. », lance-t-il. Ces phrases lancées avec conviction touchent particulièrement Johnny, détenu depuis 20 ans, notamment pour homicide : « C’est bien ce que m’a dit David, d’arrêter les conneries et penser à refaire une vie normale. J’ai des enfants, il faut que je m’occupe d’eux. J’ai plein de photos d’eux aux murs, il faut que je tienne le coup pour eux. »

Devenu professionnel humoriste, David Desclos se produit à ses frais en prison, avec la bénédiction de l’administration pénitentiaire.

Source : Europe1