CORPS A CORPS, CŒUR A CŒUR

Seigneur Jésus, lorsque tu m’as visité dans ma prison, caché dans l’HOSTIE, je ne connaissais rien de toi, le plus beau des enfants des hommes ; je t’ai seulement vu et tu as bouleversé toute ma vie.

10.000 messes plus tard, malgré une vingtaine de séjours en psychiatrie, vingt-cinq métiers, quarante employeurs, six mois d’hospitalisation pour une greffe de moelle osseuse, mon espérance de vie compromise par une transfusion sanguine, une dizaine d’essais de vie communautaire, et enfin mon couple et ma famille déchirés par le divorce, je te retrouve tous les jours, nouveau et pourtant identique, principal aliment de ma foi : JESUS-HOSTIE.

Non! Ce jour-Ià, je n’avais rien à t’offrir en dot, rien du tout! Ou plutôt si! Un peu de bonne volonté dont tu m’avais enrichi à mon insu. Aujourd’hui, il y a 40 ans que je suis sorti de prison, et pas un seul jour ne s’est fini sans que j’y repense.

Cette flétrissure a pris sens par petites touches : en 1975, la rencontre avec le père Loïc (religieux trinitaire) profondément rédempteur de captifs qui, en me donnant son amitié, m’inséra dans la grande famille de l’Eglise ; 1978, la rencontre avec Marthe Robin (fondatrice des Foyers de charité avec le Père Finet) qui me confia la mission de « beaucoup prier pour les détenus et les malade mentaux » qui sont ceux pour lesquels elle souffrait le plus ; en 2001, mon confesseur qui me confirma en ces termes : « vous ne pouvez plus servir la société à cause de votre santé, alors servez ceux dont vous partagiez la vie, car vous connaissez mieux que quiconque leur misère ».

Un paradoxe, lorsque l’on parle chrétiennement de la souffrance est de dire que le Seigneur Jésus souffre le plus des blessures qui lui sont infligées par ses meilleurs amis, quand on sait que s’il a si peu d’amis, c’est qu’il les traite si mal. Effarante liberté laissée par Dieu aux hommes.

Une parole peut faire vivre, une parole peut tuer : du OUI inconditionnel de Marie à l’ange Gabriel, au NON de Juda Iscariote par qui s’accomplissent les écritures.

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