Maurice Maes témoigne de 17 ans d’expérience comme membre de la commission pluridisciplinaire unique de la maison d’arrêt de Tarbes où il a été désigné par la direction de la Croix Rouge.

Tête baissée, les épaules alourdies par ce ressenti personnel, Maurice Maes est de ceux qui savent oublier un instant la cause d’un acte pour se pencher humainement sur ses effets. Bénévole à la Croix-Rouge pour « donner un coup de main et venir en aide aux personnes en difficultés », il est membre de la « commission pluridisciplinaire unique » de la maison d’arrêt de Tarbes. A ce titre, il est entré tous les mois, depuis 2004, dans ce lieu de privation de liberté ouvert en 1896, quartier de sécurité renforcée de 1975 à 1981, aux normes européennes.

Maurice Maes n’a pas oublié sa première impression, ravivée lors de chacune de ses venues : l’oppressante symbolique du lieu, son austérité, l’inévitable procédure de vérifications, le mystère de cette humanité soustraite -quelle qu’en soit la raison- au geste naturel d’ouvrir sa porte à tout moment, sans compter.

La raison de la sanction prononcée à l’encontre des détenus par les corps du ministère de la Justice ne relève pas de ladite commission. Secret professionnel des services pénitentiaires, anonymat des situations des détenus mais approche humaine de leur besoin immédiat sont le cadre légal.

Présidée par le chef d’établissement, la commission réunit les professionnels de la prison (surveillant, personnel de santé, enseignant, éducateur(trice) du « service de probation et d’insertion pénitentiaire », aumônier….) et Monsieur Maes ou Madame Tulet. Ils sont désignés par la direction de la Croix-Rouge en qualité de représentants associatifs (les seuls) de la solidarité. Les sujets partagés par cette « équipe où l’entente est parfaite » sont pluriels : moyens d’existence des détenus, demandes de travail, aménagement de peine, prévention du suicide…

Maurice Maes, enclin à aider autrui, trouve ici les motifs sur mesure pour ceux qui n’ont rien ou si peu : fourniture de vêtements pour l’audience au tribunal ou la sortie ; paiement du billet de train pour éviter la verbalisation quand le détenu retourne dans sa famille ; modeste don d’argent pour « cantiner », verbe usité pour l’achat de nourriture, cigarettes, timbres, produits d’hygiène, journaux, à « l’épicerie » de la prison. A Noël, la distribution de friandises dans les cellules donne la seule occasion d’y entrer.

Maurice Maes ne s’étend pas à ce propos. En revanche, cet engagement bénévole lui a permis l’intégration souhaitée à Tarbes et à Juillan où il habite. Il avait traversé la France depuis Béthune, sa ville d’origine en Pas-de-Calais, sans regrets.

Source : La Dépêche, 20 juin 2021
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