Daniel, membre de la fraternité, donne bénévolement des cours d’informatique à la prison de Nanterre.

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Mon expérience au Club informatique pénitentiaire de Nanterre :

En 1973, assistant à un spectacle musical sur Jésus, cette phrase de Matthieu (Mt 25, 31-46) « J’étais malade, et vous m’avez visité. J’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi »m’a tout à coup interpellé.
J’habite une commune proche de Nanterre. En 1996, l’ouverture d’une maison d’arrêt de Nanterre est annoncée. Je me suis dit : « Tiens, c’est pour moi, je devrais y faire quelque chose ».
Plus tard, je suis venu dans la Fraternité du Bon Larron, où j’ai rendu quelques services en informatique. J’aimais travailler sur les logiciels, mais aussi j’aspirais à plus de contacts. Des membres de la fraternité m’ont fait signe pour une conférence donnée à Suresnes par le directeur de l’établissement de Nanterre. A cette occasion, j’ai pu rencontrer le responsable local du CLIP, qui comporte une dizaine de formateurs sur Nanterre et environ 200 dans toute la France. L’objectif est de former des détenus aux logiciels de traitement de texte et de calcul, leur donnant ainsi plus de chances d’intégration à la sortie. Cette perspective me plaisait bien, car elle permettait de former des détenus sur ordinateur, tout en parcourant un bout de chemin avec eux. Il est important qu’ils aient le plus possible de contact avec le monde extérieur.
Et maintenant, comment je vis cet engagement. Daniel
C’est un engagement non confessionnel, une sorte de tutorat appliqué à cinq « stagiaires » de tous niveaux, entre CM2 et bac+2. La population est formée en majorité de jeunes de première génération d’immigration, mais qui paradoxalement réclament une identité française.
Ils sont en majorité de confession musulmane. Quand tous sont présents, ils sont studieux. En revanche, lorsqu’ils sont un ou deux, alors on vide le sac pour décharger une souffrance contenue, pour être reconnu dans toute son humanité, pour parler de leur désarroi quand ils sortiront de prison et devront retrouver une crédibilité. Je les écoute, avec attention, respect. Et je les retrouve plus apaisés et toujours en dialogue.
Mais vous me direz : « Nous sommes au Bon Larron. Et Dieu dans tout ça ? »Je n’ai pas un instrument de mesure, pour évaluer Sa présence et Son influence.
Dans la mesure du possible, je confie ce temps de formation et de dialogue le matin avant d’entrer en salle de cours. Je suis très encouragé par cette phrase : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait », et j’y pense doublement quand je vois des jeunes désemparés. Je demande l’aide de l’Esprit Saint pour parler à bon escient et apporter une petite parole d’espoir. Et quand ça va bien : « Seigneur, ce n’est pas ma gloire, mais la tienne que je poursuis. » Mais il faut garder beaucoup d’humilité, car vous avez cinq personnes à un cours, puis personne au cours suivant : c’est l’arbitraire de la prison, qui peut être insupportable pour les intervenants, mais qui l’est encore plus pour les détenus.
Daniel